les Protocoles des sages de Sion. A croire que les médias sérieux perdent les pédales dès qu’on leur tend une perche antisémite, pourvu qu’elle soit travestie et porteuse de scandale, donc de ventes…

Les mensonges de Faurisson

Où Faurisson falsifie ad nauseam la lettre de Martin Broszat


Les Nazis ont assassiné les Juifs par la faim, l’esclavage, l’épuisement, l’assassinat dans les opérations mobiles de tueries menées notamment par les Einsatzgruppen, et par gazage dans les camps d’extermination de l’opération Reinhard, Belzec, Sobibor et Treblinka, ainsi que dans les camps d’extermination de Chelmno et Auschwitz.

Cependant les Juifs ne furent pas les seules victimes de l’assassinat par gazage et les camps d’extermination cités ci-dessus, pas les seuls camps pourvus de chambres à gaz. Outre les centres, situés dans l’ancien Reich, où les nazis assassinèrent par gazage des dizaines de milliers de handicapés, la plupart, mais pas tous, des grands camps de concentration du IIIe Reich, situés notamment dans l’ancien Reich (l’Allemagne dans ses frontières de 1937), étaient pourvus d’une chambre à gaz où des milliers de déportés devenus inutiles ou indésirables furent assassinés par gazage. L’Institut d’histoire contemporaine de Munich a fait le bilan de ces gazages en 1992. Si les assassinats par gazage de déportés dans les camps de concentration se comptent en dizaines de milliers, quand ils se comptent en millions pour les Juifs dans les camps d’extermination, ces assassinats n’en demeurent pas moins réels et monstrueux. Ces assassinats par gazage, comme la plupart des assassinats de handicapés, eurent lieu dans des camps de concentration situés sur le territoire de l’ancien Reich, pourvus de chambres à gaz.

Le négationniste Faurisson a tenté de le nier. Voici comment, pourquoi, et à quelles occasions.

L’un des piliers de la méthode de Faurisson consiste à citer frauduleusement tel ou tel auteur, en général historien véritable, en prétendant que l’auteur en question aurait affirmé tel fait. Fait que Faurisson tient alors pour acquis. Mais en réalité, lorsque l’on vérifie la source de Faurisson, on se rend compte presque systématiquement que jamais l’auteur en question n’avait dit ce que Faurisson prétend qu’il a dit, et que finalement le «fait» en question est une invention de Faurisson.

Faurisson martèle ainsi depuis plus de 30 ans que l’historien Martin Broszat aurait affirmé qu’il n’y aurait eu aucun gazage sur le territoire de l’ancien Reich (l’Allemagne dans ses frontières de 1937). D’où Faurisson déduit que les nombreux témoignages sur de tels gazages dans les camps de concentration de Ravensbrück, Mauthausen, Neuengamme, Strutthof-Natzweiller, Orianenbourg-Sachenhausen seraient des mensonges. D’où il déduit que tous les témoignages seraient des mensonges… Faurisson, pour amorcer ce «raisonnement» typiquement négationniste, s’appuie sur une lettre de 1960 au journal Die Zeit de l’historien allemand Martin Broszat, spécialiste du IIIe Reich.

Cependant, lorsque l’on confronte le contenu réel de la lettre de Broszat avec ce qu’en rapporte Faurisson, on se rend compte que Faurisson falsifie systématiquement les propos de Martin Broszat, qu’il ment d’une façon éhontée sur le contenu réel de la lettre en question. Faurisson ne fait d’ailleurs que reprendre une falsification commise pour la première fois par Rassinier en 1962

Quand Faurisson affirme, martèle, assène, répète depuis plus de 30 ans, que l’historien Martin Broszat aurait dit qu’il n’y avait eu aucun gazage dans le territoire de l’ancien Reich, ni aucune chambre à gaz dans les camps de concentration situés sur le territoire de l’ancien Reich, il ment. Nous allons le démontrer, faire l’inventaire des déclarations de Faurisson à ce sujet, et les décortiquer. Nous verrons que le mensonge est voulu, flagrant, assumé. Nous verrons que Faurisson est un falsificateur.

L’importance de la lettre de Broszat, et de la falsification répétée de Faurisson à son sujet, est centrale dans le négationnisme faurissonien. Il écrivait lui-même en 1982, qu’il s’agissait d’un argument «CAPITAL1» (les majuscules sont de Faurisson). Et c’est effectivement le cas. Car c’est sur cette falsification là que Faurisson va baser toute sa critique des témoignages, en particulier des témoignages allemands. Elle constitue la colonne vertébrale de sa lettre au journal Le Monde publiée le 29 décembre 1978, qui lance «l’affaire Faurisson». Comprendre et démonter cette falsification fondatrice permet de comprendre et déconstruire l’édifice faurissonien. Quiconque se trouve confronté à la prose négationniste de Faurisson ou à des thuriféraires de Faurisson doit revenir et renvoyer à cette première falsification exemplaire.

Faurisson s’appuie donc sur une lettre envoyée par Broszat au journal Die Zeit en 1960, dans laquelle Broszat écrit qu’il n’y a pas eu de gazage à Dachau (bien qu’il y eut une chambre à gaz), à Bergen Belsen et à Buchenwald. Broszat prend soin de rappeler que les meurtres de masse des Juifs furent bien pratiqués par gazage dans les camps d’extermination. Et Broszat précise que ces camps d’extermination n’étaient pas situés dans l’ancien Reich. Cette précision géographique s’applique uniquement aux camps où fut pratiquée «L’extermination de masse des juifs par gazage». Il faut citer ici la phrase de Broszat qui sera systématiquement falsifiée par Faurisson. Broszat écrit:

«L’extermination de masse des juifs par gazage commença en 1941-1942 et eut lieu uniquement en de rares points choisis à cet effet et pourvus d’installations techniques adéquates, avant tout en territoire polonais occupé (mais nulle part dans l’Ancien Reich)»

Ce à propos de quoi Martin Broszat précise «nulle part dans l’Ancien Reich», c’est l’extermination de masse des Juifs par gazage. Mais en aucun cas les gazages d’êtres humains en général. On verra comment Faurisson prétend mensongèrement le contraire.

Broszat n’aborde donc pas la question des nombreux camps de concentration situés dans l’ancien Reich, notamment, où furent pratiqués des assassinats par gazage, mais pas sur une échelle aussi monstrueuse que dans les camps d’extermination. Broszat n’aborde pas non plus le sujet des instituts dits d’«euthanasie», situés sur le territoire de l’ancien Reich, et où des dizaines de milliers d’handicapés furent assassinés par gazage. Bref la mise au point apportée par Broszat est clairement circonscrite à trois camps: Dachau, Bergen Belsen et Buchenwald. A aucun moment il ne fait de déclaration générale sur les autres camps de concentration situés dans l’ancien Reich. Et pour cause: nombre d’entre eux étaient dotés de chambres à gaz où furent assassinés des milliers de déportés. Pour se convaincre de ce que Broszat dit vraiment et ne dit pas, on se reportera à une analyse de sa lettre, qui en contient une traduction intégrale.

En résumé Broszat affirme deux choses que l’on peut reformuler ainsi:

  1. Aucun gazage d’êtres humains à Dachau, Bergen-Belsen, Buchenwald
  2. L’extermination de masse des Juifs par gazage ne s’est pas déroulée dans l’ancien Reich

Toute la falsification consisterera pour Faurisson à ramasser frauduleusement ces deux propositions en une seule, et à faire dire à Broszat qu’aucun gazage d’êtres humains n’aurait eu lieu sur l’ancien Reich. Evidemment jamais Broszat n’a dit cela, jamais le sens de sa lettre n’a été celui-là.

Voici à présent la longue — très longue — litanie du mensonge répété ad nauseam par Faurisson:


Ainsi que le montre le contenu de la lettre, ce titre [pas de gazage à Dachau] aurait du être «Pas de gazage dans tout l’ancien Reich» (Allemagne dans ses frontières de 1937)2

C’est faux puisque tel n’est justement pas le sens de la lettre de Broszat.


Il [Broszat, dans sa lettre] y déclare qu’il n’a en fin de compte existé aucune chambre à gaz dans les camps situés sur le territoire de l’ancien Reich3

C’est faux. Jamais Broszat ne dit une telle chose dans sa lettre. Faurisson passe allègrement de la phrase «Ni à Dachau, ni à Bergen-Belsen, ni à Buchenwald des juifs ou d’autres détenus n’ont été gazés», à l’affirmation qu’il prête à Broszat, et qui n’a plus rien à voir avec ce qu’il a vraiment dit, comme quoi il n’y aurait eu aucune chambre à gaz dans tout l’ancien Reich…


qui — les instituts historiques ont fini par l’admettre — n’a jamais eu un commencement d’existence (voyez notamment, Martin Broszat, Die Zeit, 19 août 1960)4

Faurisson ment. Jamais aucun institut historique n’a admis quoi que ce soit. Jamais Broszat n’a écrit cela.


Or, le 19 août 1960, cet historien devait annoncer à ses compatriotes ébahis qu’en définitive il n’avait jamais existé de chambre à gaz dans tout l’ancien Reich5

Faurisson ment. Jamais Broszat n’a «annoncé», ni écrit cela. On remarquera en passant que Faurisson brode en parlant de «compatriotes ébahis». Faurisson met en scène sa falsification…


En 1945, la science historique officielle affirmait que des «chambres à gaz» avaient fonctionné, aussi bien dans l’Ancien Reich qu’en Autriche, aussi bien en Alsace qu’en Pologne. Quinze ans plus tard, en 1960, elle révisait son jugement; il n’avait «avant tout» (?) fonctionné de «chambres à gaz» qu’en Pologne (2). Cette révision déchirante de 1960 réduisait à néant mille «témoignages», mille «preuves» de prétendus gazages à Oranienbourg, à Buchenwald, à Bergen-Belsen, à Dachau, à Ravensbrück, à Mauthausen. Devant les appareils judiciaires anglais ou français, les responsables de Ravensbrück (Suhren, Schwarzhuber, Dr Treite) avaient avoué l’existence d’une «chambre à gaz» dont ils avaient même décrit, de façon vague, le fonctionnement. Scénario comparable pour Ziereis, à Mauthausen, ou pour Kramer au Struthof. Après la mort des coupables, on découvrait que ces gazages n’avaient jamais existé. Fragilité des témoignages et des aveux!6

Ce long passage extrait d’un des premiers articles qui lança l’«affaire Faurisson» contient tout le mensonge de Faurisson et toute sa logique frelatée. La note (2) du texte original renvoie bien évidemment à la lettre de Martin Broszat, que Faurisson appelle pompeusement, et de façon frauduleuse, une «révision déchirante» et sur laquelle il prétend s’appuyer.

Comme l’examen de la lettre de Martin Broszat suffit à le prouver, Faurisson commet un premier mensonge en prétendant que, en 1960 (via cette lettre), les historiens (ou la «science historique officielle» ainsi que Faurisson les désigne improprement) seraient revenus sur le fait que des chambres à gaz ont fonctionné, aussi bien dans l’Ancien Reich qu’en Autriche, aussi bien en Alsace qu’en Pologne.

Faurisson commet ensuite une falsification du texte de la lettre de Broszat en écrivant que, selon cette lettre, «il n’aurait avant tout fonctionné de chambres à gaz qu’en Pologne» (nous avons retiré les divers guillemets faurissoniens qui n’apportent ni ne retranchent rien à la falsification). En effet Broszat n’a jamais écrit une telle chose. Voici ce que Broszat a vraiment écrit:

«L’extermination de masse des juifs par gazage commença en 1941-1942 et eut lieu uniquement en de rares points choisis à cet effet et pourvus d’installations techniques adéquates, avant tout en territoire polonais occupé (mais nulle part dans l’Ancien Reich): à Auschwitz-Birkenau, à Sobibor-sur-Bug, à Treblinka, Chelmno et Belzec.»

L’événement, le fait que Broszat situe «avant tout en territoire polonais occupé (et non «en Pologne» ainsi que l’écrit Faurisson), ce n’est pas le «fonctionnement des chambres à gaz», mais «l’extermination de masse des juifs par gazage». Faurisson falsifie purement et simplement le propos de Martin Broszat. Ce que ce dernier dit ne peut en aucun cas être interprété comme signifiant qu’il n’a pas fonctionné de chambres à gaz en dehors de la Pologne. Et pour cause: plusieurs camps de concentration en Allemagne, en Autriche, en Alsace furent bien dotés de chambres à gaz, ce que n’a jamais contesté Martin Broszat. Faurisson est évidemment un escroc.

Faurisson continue en essayant de brouiller un peu plus les cartes. En effet il mêle dans une même énumération des camps de concentration où il n’y eut pas de chambre à gaz (Buchenwald, Bergen-Belsen) et pour lesquels, évidemment il n’existe pas d’aveux de responsables allemands, avec des camps de concentration où il y eut des chambres à gaz (Oranienbourg, Ravensbrück, Mauthausen) sur lesquelles des responsables allemands ont effectivement témoigné. Signalons qu’à Dachau, il y eut une chambre à gaz dont Broszat pensait en 1960 qu’elle n’avait pas servi, mais qui en fait a servi pour quelques gazages expérimentaux, ainsi qu’il devait le dire lui-même plus tard.

La stratégie rhétorique de Faurisson et la «nécessité» de son mensonge deviennent claires avec ses mentions des témoignages d’Allemands concernant Ravensbrück, Mauthausen et le Struthof: il s’agit de prétendre que ces témoignages seraient fragiles et que seraient tout aussi «fragiles» ceux sur les chambres à gaz des camps d’extermination de Pologne. C’est d’ailleurs ainsi que poursuit Faurisson après le passage cité puisqu’il écrit: «Les “chambres à gaz” de Pologne — on finira bien par l’admettre — n’ont pas eu plus de réalité». Evidemment «les chambres à gaz de Pologne» ont eu autant de réalité que celle des camps de concentration déjà cités: elles ont bel et bien fonctionné.


[…] tous les documents qui ont fait dire aux tribunaux militaires des Alliés qu’il y avait des “chambres à gaz” là où, en fin de compte, on a fini par reconnaître qu’il n’y en avait pas eu: par exemple, dans tout l’Ancien Reich!7

Bien que ne citant pas explicitement la lettre de Martin Broszat, l’affirmation de Faurisson y est évidemmen reliée. Et c’est un mensonge: ni Broszat, ni personne n’a jamais «reconnu» qu’il n’y aurait pas eu de chambres à gaz «dans tout l’Ancien Reich».


le Dr Martin Broszat, représentant du très officiel Institut d’histoire contemporaine de Munich, a du faire une énorme concession au révisionniste Paul Rassinier: il lui a fallu admettre qu’en dépit d’une prétendue surabondance de preuves, de documents de témoignages et d’aveux, tous dignes de foi, il n’avait pourtant jamais existé une seule «chambre à gaz» dans tous les camps de concentration de l’ancien Reich8

Martin Broszat ne concède rien à Rassinier à qui il ne répond pas. La lettre de Martin Broszat n’a aucun rapport avec Rassinier. Martin Broszat n’a rien à admettre et n’admet rien. En fait il ne dit rien de ce que Faurisson lui prête… Faurisson fait dans l’escroquerie et la mise en scène.


il [Martin Broszat] annonçait dans sa lettre [du 19 août 1960 à Die Zeit qu’il n’avait en fin de compte, existé de «chambre à gaz» homicide ni à Dachau, ni même dans aucun camp de l’Ancien Reich9

Faurisson est tellement malhonnête qu’aucun des propos qu’il prête à Broszat n’est authentique. D’abord Broszat n’a pas écrit qu’il n’y avait pas de chambre à gaz à Dachau, mais qu’il n’y avait pas eu de gazage à Dachau. En effet, Dachau avait une chambre à gaz destinée à l’assassinat d’êtres humains. Broszat considérait en 1960 qu’elle n’avait pas servi. Il est revenu plus tard sur cet avis. Surtout, ainsi qu’on l’a vu, Broszat n’a jamais écrit qu’il n’y aurait pas eu de chambre à gaz dans les camps de l’Ancien Reich. C’est toujours le même mensonge de Faurisson.


Plus aucun historien sérieux ne prétend qu’on a gazé des gens dans un camp quelconque de l’Ancien Reich.

Ceci est déjà un mensonge. Faurisson poursuit:

Le 19 août 1960 constitue une date importante dans l’histoire du mythe des «chambres à gaz». Ce jour-là, le journal Die Zeit a publié une lettre qu’il a intitulée: «Pas de gazage à Dachau.» Etant donné le contenu de la lettre, il aurait dû, pour être tout à fait honnête, l’intituler: «Pas de gazage dans tout l’Ancien Reich» (Allemagne dans ses frontières de 1937). Cette lettre émanait du Dr Martin Broszat, devenu depuis 1972 directeur de l’Institut d’histoire contemporaine de Munich. […]

Bref, le Dr Broszat a dû admettre le 19 août 1960 qu’il n’avait pas existé de gazage dans tout l’Ancien Reich10

Non seulement, il n’y avait aucune raison de donner un autre titre à la lettre de Broszat que celle qu’elle avait et qui correspondait strictement à son contenu, mais, de plus, Faurisson ment en prétendant que Martin Broszat a «admis» quoique ce soit. Il n’y avait rien à admettre, surtout pas quelque chose qui aurait été contraire à la réalité. Faurisson est un menteur.


C’est ce jour là [le 19 août 1960] que l’hebdomadaire die Zeit publiait l’extraordinnaire «rétractation» du Dr Martin Broszat. Ce membre éminent de l’Institut d’histoire contemporaine de Munich, […], confiait piteusement à Die Zeit qu’il n’avait pas fonctionné une seule «chambre à gaz» sur tout le territoire de l’ancien Reich.11

Faurisson est un falsificateur. Non seulement il ment sur le contenu de la lettre de Broszat mais encore il en falsifie le contexte. Broszat ne rétracte rien puisqu’il n’a rien affirmé au préalable. Et surtout son intervention n’a rien de «piteuse». Faurisson fait encore dans la mise en scène grotesque.


Tous les historiens sans exception partagent l’opinion exprimée par le Dr Martin Broszat, de l’Institut d’histoire contemporaine de Munich, dans la fameuse lettre de Die Zeit du 19 août 1960, intitulée «Keine Vergasung in Dachau». Broszat […] dit expréssément qu’il n’y a eu aucun gazage d’êtres humains ni à Dachau «ni en aucun point de l’Altreich».12

La falsification par Faurisson des propos de Broszat est patente car lorsque Broszat fait la précision géographique «nulle part dans l’ancien Reich», cette précision ne concerne que les camps d’extermination, ceux où, Broszat le précise bien, fut pratiqué l’annéantissement de masse des Juifs par gazage. Broszat n’écrit à aucun moment qu’aucun gazage d’êtres humains n’a eu lieu dans dans l’ancien Reich. Ce n’est pas le sujet de sa lettre. Faurisson est un falsificateur.

Enfonçons ce clou: il est intéressant de relire la phrase de Broszat et de voir comment Faurisson la rapporte. Broszat écrit: «L’extermination de masse des juifs par gazage commença en 1941-1942 et eut lieu uniquement en de rares points choisis à cet effet et pourvus d’installations techniques adéquates, avant tout en territoire polonais occupé (mais nulle part dans l’Ancien Reich)» Faurisson remplace le premier segment de l’affirmation de Broszat, celle qui circonscrit le sujet, «L’extermination de masse des juifs par gazage», à laquelle se rapporte la précision géographique «nulle par dans l’ancien Reich», par «gazage d’êtres humains». Broszat n’affirme pas que les gazages d’êtres humains n’ont pas eu lieu dans l’ancien Reich, mais l’extermination de masse des Juifs par gazage. Là est la falsification de Faurisson.

Insistons. Pour être honnête, Faurisson aurait dû dire que Martin Broszat dit expréssément que l’extermination de masse des Juifs par gazage n’a pas eu lieu dans l’ancien Reich. Mais Faurisson est un menteur.


Mais le contenu de la lettre était encore bien plus stupéfiant: il révélait qu’il n’y avait eu de «gazage» ni à Dachau, ni à Bergen-Belsen, ni à Buchenwald, ni dans aucun point de l’ancien Reich[…]! Pas de «gazage» donc à Ravensbrück, à Neuengamme, à Orianenbourg-Sachenhausen,… Il n’y avait eu de «gazage» , «qu’en de rares points choisis à cet effet et pourvus d’installations techniques adéquates, avant tout (?) en territoire polonais occupé (mais nulle part dans l’Ancien Reich) […]»13

Encore une fois Faurisson ment en prétendant que «le contenu de la lettre» signifie qu’il n’y a eu aucun gazage dans l’ancien Reich. Il ment en parlant de Ravensbrück, à Neuengamme, à Orianenbourg-Sachenhausen, camps dont Broszat ne parle à aucun moment. Et Faurisson falsifie encore une fois le texte de Broszat en prétendant que celui-ci dit qu’il n’y avait eu de «gazage» qu’en de rares point hors de l’ancien Reich. Car la réalité dont Broszat dit qu’elle s’est déroulée en de rares points hors de l’ancien Reich ce ne sont pas les gazages en général, mais «l’extermination de masse des Juifs par gazage». Faurisson est un falsificateur.


la lettre du l9 août 1960 publiée par l’hebdomadaire Die Zeit intitulée «Aucun gazage à Dachau» et révélant qu’en fin de compte, pour le Dr Martin Broszat, il n’avait existé aucun gazage homicide dans tous les camps situés sur le territoire de l’Ancien Reich14

Encore le même mensonge qui travestit les propos de Martin Broszat.


Claude Guillon et Yves Le Bonniec utilisent ici un argument CAPITAL des révisionnistes contre la thèse exterminationniste. De cet argument Vidal-Naquet ne souffle pas mot dans ses innombrables écrits et interventions: je veux parler de ce que j’appelle la «révision déchirante» du 19 août 1960. Ce jour-là, l’hebdomadaire hambourgeois Die Zeit, complaisant aux thèses des vainqueurs de la dernière guerre, a publié une lettre, une simple lettre du Dr. Martin Broszat, de l’Institut d’Histoire Contemporaine de Munich. Dans cette lettre intitulée restrictivement «Pas de gazage à Dachau», il nous était concédé ou, plutôt, il était enfin concédé à la vérité historique qu’il n’y avait eu aucun gazage homicide dans TOUT L’ANCIEN REICH [les majuscules sont toutes de Faurisson] 15

On aura remarqué qu’il ne s’agit encore que du même mensonge de Faurisson, de la même falsification qu’il commet des propos de Martin Broszat. Ce passage vaut cependant d’être cité pour ce qu’il souligne l’importance que Faurisson accorde à cette falsification, la pompe ridicule avec laquelle il la met en scène, la façon ridicule qu’il a d’insister (à coup de majuscules!) sur son mensonge. Le fait que Faurisson reproche à Vidal-Naquet de ne pas reprendre sa falsification a évidemment quelque chose de savoureux…


On y parle à de nombreuses reprises de la «chambre à gaz» de ce camp [Sachsenhausen] pourtant situé à 30 km de Berlin, c’est-à-dire dans cet Ancien Reich où nous savons officiellement depuis la révision déchirante de 1960, qu’il n’y a eu aucun gazage homicide.16

Tiré du même torchon négationniste que la citation précédente, celle-ci concerne évidemment, même si cela n’est pas dit, la lettre de Broszat, et est une nouvelle formulation du même mensonge.


Mais il se trouve qu’en 1960, exactement à partir du 19 août, une haute autorité de l’Institut d’histoire contemporaine de Munich […] a déclaré subitement dans l’hebdomadaire Die Zeit qu’il n’y avait jamais eu de gazage homicide à Dachau, non plus que dans tous les camps dans l’ancien Reich [noté en gras par Faurisson] […] Du même coup s’évanouissaient les gazages de Ravensbrück, de Mauthausen, du Struthof-Natzweiler, de Neuengamme, d’Orianenbourg-Sachenhausen, de Buchenwald, de Majdanek-Lublin, etc. S’évanouissaient avec ces gazages cent, mille ou dix mille témoignages, preuves et aveux.17

La portion sur laquelle insiste Faurisson, qui la note en caractères gras, est pure invention, puisque Broszat n’a jamais dit ou signifié qu’aucun gazage n’avait eu lieu dans l’ancien Reich. Du coup rien ne s’évanouit du tout. Faurisson commet une confusion volontaire qui mêle les camps de concentration pourvus de chambres à gaz, dont Broszat ne parle pas (Ravensbrück, Mauthausen, Struthof-Natzweiler, Neuengamme, Orianenbourg-Sachenhausen) avec celle dont Broszat parle car non pourvu d’une chambre à gaz: Buchenwald. Du coup se révèle la confusion volontaire entre l’ancien Reich et le reste puisque Majdanek ne se trouvait pas dans l’ancien Reich. Non seulement Faurisson est un falsificateur, mais, de plus, il donne dans la crétinerie.


Cette révision de 1960 peut se résumer de la façon suivante: il n’y a eu, en fin de compte, aucune chambre à gaz homicide sur tout le territoire de l’Ancien Reich[…]18

Faurisson est un menteur. La lettre de Broszat ne signifie en aucun cas cela, et n’est la révision de rien du tout, juste une mise au point.


Soudain en 1960, il [Martin Broszat] a publié dans Die Zeit une courte lettre disant qu’il n’y avait pas eu de gazage homicide à Dachau ni, d’une façon générale dans tous les camps de l’ancien Reich19

Faurisson ment.


En 1960, Martin Broszat dit: pas de gazage dans l’ancien Reich.20

Faurisson ment.


Je n’ai sans doute pas relevé toutes les occurences du mensonge de Faurisson sur Broszat, mais cette liste, l’examen de la méthode faurissonienne de falsification des citations doit conduire le lecteur à une extrême prudence: si par hasard il tombait sur un texte où Faurisson prête une thèse ou une affirmation à un auteur, quel qu’il soit, il est quasiment certain que Faurisson falsifie et qu’on ne peut avoir confiance en ce qu’il écrit.

Faurisson est un escroc. Et poussant un peu plus loin son escroquerie, il finit par affirmer (sans plus même se référer à Broszat) que les historiens auraient admis que les camps de concentration (en général) n’auraient jamais été dotés de chambres à gaz. Ce qui est évidemment un mensonge.                    


Notes:

1. Robert Faurisson, Réponse à Pierre Vidal-Naquet, deuxième édition, La Vieille Taupe, 1982, p. 21.

2. Robert Faurisson, «La révision de 1960: il n’y a pas eu un seul gazage dans tout l’ancien Reich», 1974, cité dans Écrits révisionnistes, tome I, p. 8. (cité comme ERTI par la suite).

3. Faurisson, «Bibliographie sur “le problème des chambres à gaz”», novembre 1975, repris dans ERTI, p. 12.

4. Lettre de Faurisson au Monde, 14 octobre 1977, cité dans Serge Thion, Vérité historique ou vérité politique, La Vieille Taupe, 1980, p. 80.

5. Faurisson, «Le problème des chambres à gaz», Défense de l’Occident, juin 1978, cité par Serge Thion, op. cit., p. 85.

6. Robert Faurisson, Le Monde, 29 décembre 1978, p. 8. Il s’agit du principal article ayant «lancé» l’affaire Faurisson. C’est certainement une honte indélébile pour le journal Le Monde que d’avoir accepté de publier les mensonges de Faurisson. En 1921, le Times de Londres, s’était lui-même couvert de honte en publiant le faux antisémite tsariste les Protocoles des sages de Sion. A croire que les médias sérieux perdent les pédales dès qu’on leur tend une perche antisémite, pourvu qu’elle soit travestie et porteuse de scandale, donc de ventes…

7. Robert Faurisson, Le Monde, 16 janvier 1979, p. 23, cité dans Robert Faurisson Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’histoire, op. cit., p. 86.

8. Faurisson, «Une preuve… une seule preuve», Le Monde, 26 février 1979, cité dans Robert Faurisson, Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’histoire, La Vieille Taupe, 1980, p. 96. Le titre de l’article de Faurisson nous a conduit à rassembler quelques citations contemporaines: https://phdn.org/histgen/documents/nazisdoc.html

9. Robert Faurisson, «Le mensonge de Dachau touche-t-il à sa fin?», 18 juillet 1979, cité dans Robert Faurisson, Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’histoire, La Vieille Taupe, 1980, p. 200.        

10. Interview de Robert Faurisson à Storia illustrata, août 1979, n°261, cité dans Serge Thion, op. cit., p. 181.

11. Faurisson, Le “ghetto-boy” et Simone Veil: deux symboles de l’imposture du génocide?, ERTI, p. 205.

12. Lettre à M. Roger Bruge, 24 février 1982, ERTI, p. 305.

13. Céline devant le mensonge du siècle, troisième trimestre 1982, cité dans ERTI, p. 318.

14. «Conclusion du professeur Faurisson (devant la cour d’appel de Paris, 1982)», in L’incroyable affaire Faurisson, 1982.

15. Robert Faurisson, Réponse à Pierre Vidal-Naquet, deuxième édition, La Vieille Taupe, 1982, p. 21. Claude Guillon et Yves le Bonniec sont les auteurs de Suicide, mode d’emploi, Alain Moreau, 1982. Cette note de bas de page (c’est le cas de le dire) dans l’histoire du négationnisme mérite qu’on y consacre, justement, quelques mots. Claude Guillon et Yves le Bonniec reprenaient notamment dans leur ouvrage, de façon implicite, le mensonge de Faurisson dénoncé dans le présent article. Le passage, assez court (p. 204-205), de Guillon et Le Bonniec, aligne, les contre-vérités, les âneries et les démonstrations d’ignorance de l’objet qu’ils prétendaient traiter. Ils écrivaient que Faurisson avait réussi à «effectivement révél[er] de nombreux mensonges», ce qui est, et a toujours été absolument faux. Ils écrivaient qu’une des thèses de Faurisson aurait été que «le nombre de six millions de victimes juives dans les camps [était] exagéré», ce qui suggère en creux que cette thèse (la totalité des victimes de la Shoah aurait été assassinée dans «les camps») aurait été celle des historiens, ce qui évidemment n’avait jamais été le cas. Par ailleurs, la thèse de Faurisson n’était pas que le total de 6 millions de victimes aurait été exagéré, mais qu’il n’y avait eu que très peu de victimes juives, en tant que Juifs, du régime nazi. Cette présentation édulcorante du discours faurissonien n’était pas moins grave que le reste des contre-vérités portant avant tout sur l’histoire du génocide. Ils écrivaient que Faurisson avait «suscité parmi ses contradicteurs l’une des plus formidables productions de nouveaux mensonges de la décennie», affirmation absurde étayée, et pour cause, d’aucun exemple. Surtout ils écrivaient que «les historiens officiels reconnaissent eux-mêmes que là où l’on fait encore visiter aujourd’hui une chambre à gaz, il n’y en eut jamais», ce qui constituait un mensonge au premier degré — dans aucun camp de concentration, ni aucun centre de mise à mort on n’avait jamais fait visiter de «fausse» chambre à gaz, jamais. Ce mensonge (ou cette profonde intoxication par le discours faurissonien, via les cheminements de l’ultra-gauche?) est évidemment une version allégée de la falsification de la lettre de Martin Broszat (que Guillon et Le Bonniec n’avaient probablement pas lue, si ce n’est dans la présentation frauduleuse de Faurisson — ils auraient du vérifier). La terminologie employée, «historiens officiels» démarquait une pensée largement intoxiquée par la terminologie et le discours négationniste. Enfin, Claude Guillon et Yves le Bonniec terminaient par un raisonnement hypercritique absolument remarquable. Ils écrivaient: «il est inévitable de se demander comment techniquement fonctionnent les chambres, c’est-à-dire simplement si elles existent ou ont existé. Tel est le passage obligé de toute enquête historique. Si d’aventure il ne se trouvait personne pour montrer comment une seule chambre à gaz a pu fonctionner, nous en déduirions que personne n’a pu y être asphyxié». La logique à l’œuvre ici — l’incapacité à démontrer la faisabilité technique d’un événement peut être invoquée pour nier la réalité de cet événement — témoigne d’une indigence de pensée particulièrement aigüe, et d’une incompréhension totale des modalités de l’élaboration d’un savoir historique. Ce dernier s’élabore par convergence et confrontation de traces, preuves, témoignages, documents, et non par la seule et unique expertise technique. Celle-ci peut faire défaut sans que la connaissance de l’événement, ou sa réalité, en soit significativement altérée. Lorsque plusieurs récits, traces documentaires et fouilles démontrent que telle forteresse a été prise à telle occasion, l’incapacité des historiens à décrire le fonctionnement technique des machines de guerre mises en œuvre pendant le siège ne saurait être invoquée pour prétendre que la forteresse n’a pas été prise. Pendant des dizaines d’années on n’a pas été capable d’expliquer techniquement comment les pyramides d’Egypte ont été bâties. Peut-on remettre leur existence (leur construction?) en cause pour autant? Si la question du fonctionnement technique des chambres à gaz pouvait être posée, l’ensemble des documents et témoignages disponibles à l’époque où Guillon et Le Bonniec écrivaient suffisait à y répondre, en tous cas pour un lecteur de bonne foi, et surtout suffisait à établir que des millions de Juifs avaient été assassinés dans des chambres à gaz. Les critiques techniques de Faurisson n’étaient que des manipulations ne pouvant tromper qu’un lectorat mal informé ou sensible à la «bonne nouvelle» qu’il prétendait apporter. A partir du moment où Claude Guillon et Yves le Bonniec décidaient d’écrire et publier sur le sujet, ils auraient du sortir de l’ornière méthodologique faurissonienne qui disqualifie automatiquement tous les témoignages et tous les documents qui le dérangent et vérifier ses affirmations. S’ils ne l’ont pas fait, c’est que l’adhésion, même très prudente, aux mensonges faurissoniens, les arrangeait pour des raisons qu’eux seuls pourraient, peut-être, expliciter.          

16. Ibid., p. 63.

17. Après l’audience d’appel de décembre 1982, 12 janvier 1982, cité dans ERTI, p. 350.

18. Entretien accordé à Marie Paul Mémy, 23 avril 1983, cité dans ERTI p. 423.

19. Les révisionnistes proposent un débat public, 10 décembre 1987, cité dans ERTI, p. 739.

20. Cité dans ERTII, p. 1399.

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