1. Rapport établi à Berlin le 20 janvier 1943 par le capitaine SS Krone sur son voyage d’inspection effectué du 12 au 16 janvier à la Direction centrale des constructions de Lublin . 2. Photo conservée aux Archives de la Commission centrale pour la recherche des crimes hitlériens en Pologne de Varsovie, réf. sygn. 3809. 3. Photo des Archives de la Commission centrale de Varsovie, réf. sygn. 3810A. 4. Budowa obozu koncentracyjnego na Majdanku w latach 1942-1944 de Jòsef Marszalek (Bau des Konzentrationslagers Maïdanek 1942-1944/Construction du camp de concentration de Maïdanek au cours des années 1942-1944) dans Zeszyty Majdanka [Les Cahiers de Maïdanek], tome IV, 1969. Les renseignements de base utilisés par l’auteur dans son article proviennent de cette étude. 5. Maïdanek, un camp d’extermination, de Constantin Simonov [Correspondant spécial du journal l’Etoile rouge de Moscou], Editions Sociales, Paris, sans date mais de mai 1945. Simonov rapporte n’avoir vu et visité [fin 1944] que deux chambres à gaz: celle désignée de Bl et celle du nouveau crématoire (sa morgue). Il ne décrit ni le local A, ni la pièce B2. Il estime que la baraque 41 (dont le local C) ne servait qu’à l’épouillage des vêtements . 6. Photos des Archives de la Commission centrale de Varsovie, réf sygn. 41, 42, 43 et 3804. 7. Majdanek Konzentrationslager Lublin, de Jòsek Marszalek, Verlag Interpress, Warszawa, 1984 (page 33). a. Note de PHDN. A la date de rédaction de son article, il manquait quelques éléments à Jean-Claude Pressac. En fait Fred Leuchter est un escroc utilisant induement le titre d’ingénieur. Aucune chambre à gaz dont il serait le concepteur n’existe au USA. S’il a bien construit des dispositifs de mise à mort (chaise électrique, potences), il a utilisé des méthodes proches du chantage pour les vendre aux prisons américaines. De plus il n’a aucune compétence en chimie. Voir Ken McVay, Danny Keren, Le Rapport Leuchter: un FAQ, traduction Gilles Karmasyn, 1997-1999. b. Note de PHDN. En fait Jean-Claude Pressac commet une erreur: Leuchter n’a aucune formation scientifique. Il utilise induement le titre d’ingénieur. Il a en fait un diplome d’histoire, discipline qu’il semble n’avoir jamais exercée. Il n’a aucune compétence en chimie. Voir Ken McVay, Danny Keren, Le Rapport Leuchter: un FAQ. c. Note de PHDN. Il s’agit d’une affabulation grotesque de Leuchter: l’acide cyanhydrique est un gaz plus léger que l’air. Aucune «accumulation» n’est donc possible. Leuchter faisait preuve une fois de plus de son incompétence radicale et démontrait qu’il recherchait coûte que coûte n’importe quel argument, aussi frelaté soit-il, afin d’atteindre la conclusion recherchée...

Pressac sur Leuchter


Jean-Claude Pressac était pharmacien. Au début des années 1980, il a été tenté par le négationnisme aux cotés de Faurisson. Mais il a ouvert les yeux devant l’évidence et est devenu un spécialiste de la technique des fours crématoires et des chambres à gaz d’Auschwitz. Fred Leuchter est un escroc qui a commis en 1988, à la demande du nazi Ersnt Zündel, une «expertise» frauduleuse prétendant démontrer l’impossibilité technique des chambres à gaz. En fait il n’a fait que reprendre, dans son «rapport» de vieux mensonges de Faurisson. Jean-Claude Pressac a immédiatement démonté l’escroquerie. C’est l’article qui est ici présenté. On le fera précéder, pour une meilleure compréhension, par la lecture du Rapport Leuchter: un FAQ, qui présente le contexte, le personnage de Fred Leuchter, ainsi que ses mensonges dans une perspective plus large que la réfutation assez technique de Jean-Claude Pressac.


Les carences et incohérences du «Rapport Leuchter»

par Jean-Claude PRESSAC

Jour J, la lettre télégraphique juive, 12 décembre 1988

Présenté pour l’essentiel dans le 5e numéro des Annales d’histoire révisionniste (été-automne 1988), le «rapport Leuchter» est censé démontrer que les chambres à gaz homicides d’Auschwitz-Birkenau et de Maïdanek n’ont jamais pu fonctionner ainsi.

Daté du 5 avril 1988, ce rapport fut produit au Tribunal de Toronto (Canada) les 20 et 21 suivants, durant le procès en appel d’Ernst Zündel. accusé par une association juive d’avoir diffusé une brochure révisionniste quelque peu vieillotte (Did Six Million Really Die?).

Faute de question par l’accusation sur la légalité du rapport et faute d’historiens versés dans le domaine complexe des chambres à gaz pour l’infirmer, son contenu exposé par Leuchter sembla si «frappant» que Zündel et son état-major de négateurs, dont le principal était Robert Faurisson, crièrent à la victoire. Le rapport entraîna la conversion de l’historien anglais David Irving aux thèses nihilistes, mais n’empêcha pas la condamnation de Zündel à neuf mois de prison ferme.

Le rapport avait été provoqué par Faurisson. La comparaison entre les chambres à gaz d’exécution américaines et celles homicides allemandes en Pologne est une des pièces maîtresses de son argumentation. Dans sa pensée, la sophistication extrême des premières invaliderait l’existence des secondes, jugées trop primitives pour fonctionner sans danger pour les utilisateurs.

Trouver un spécialiste américain des chambres à gaz d’exécution était chanceux pour Faurisson. Lui faire partager ses vues, inespéré mais assez logique. Le convaincre d’aller en Pologne communiste. étudier les chambres à gaz allemandes en fonction de son savoir sur celles américaines et de venir exposer devant le Tribunal de Toronto les résultats de son «expertise», semble incroyable mais évident quand on y met le prix. Il faut reconnaître à Faurisson le mérite de cette démarche, financée par Zündel, qui aurait pu déboucher sur une «réussite» et conduisit à un fiasco.

Qui est Fred A. Leuchter, Jr? Un ingénieur [Chief Engineer] de Boston (Massachusetts), «spécialiste de la conception et de la fabrication d’instruments d’exécution capitale... par voie de gaz cyanhydrique», selon les propres termes de son rapport. Un des concepteurs et constructeurs des chambres à gaz d’exécution aux Etats-Unisa. Son intérêt professionnel est de rendre les chambres à gaz d’exécution efficaces (mort rapide du condamné) et sûres (écarter tout risque pour les utilisateurs). Plus une telle installation sera sophistiquée, plus elle rapportera d’argent à Leuchter. Si les pénitenciers américains avaient opté pour la technique des chambres à gaz homicides allemandes, Leuchter serait depuis longtemps au chômage.

Pour Faurisson, sa thèse exige que la conception et le processus d’utilisation des chambres à gaz d’exécution pour une personne soient extrêmement complexes afin, par comparaison, d’établir que celles allemandes, sommaires, n’ont jamais pu en tuer un millier à la fois. Pour Leuchter, perfectionner cet instrument de mise à mort représente son gagne-pain. Leurs intérêts, concordants, favorisèrent une association que Leuchter fit payer au prix fort.

Qu’on en juge. Si Leuchter accepta cette «périlleuse» mission derrière le «rideau de fer», ce ne fut pas pour défendre généreusement la «vérité» délétère de Faurisson, mais motivé par les honoraires élevés qu’il demanda à Zündel et que ce dernier lui versa. Ainsi Leuchter, accompagné de sa femme faisant fonction de secrétaire, de son dessinateur industriel, d’un cameraman (ami de Zündel) et d’un interprète polyglotte, se rendit en Pologne du 25 février au 3 mars 1988. L’expédition coûta à Zündel une véritable fortune. A Auschwitz-Birkenau et à Maïdanek, Leuchter, suivant son rapport, inspecta les installations qu’il devait expertiser, y procéda à des relevés et y préleva des échantillons à fin d’analyse. Il rapporte qu’«une bonne partie de la documentation a été achetée et examinée sur place en Pologne, y compris des copies des plans originaux des kremas I, II, III, IV et V» en précisant que ces matériaux historiques lui ont été fournis «par les fonctionnaires des musées qui se trouvent sur place» de même que le furent «des copies des plans des kremas I, II, III, IV et V obtenues au musée d’Auschwitz».

La «mission» se devait de prélever, dans les deux camps, des fragments de briques et de ciment dans les chambres à gaz, dont l’emplacement était facile à déterminer grâce aux indications des guides des musées et aux plans fournis par leurs archives. A Maïdanek, aucun prélèvement ne fut réalisé. A Auschwitz-Birkenau, trente-deux le furent. En voici le détail et la localisation suivant la numérotation qui leur fut attribuée: [au K.G.L. Birkenau:]

- Crématoire II (dans les ruines de sa Leichenkeller [L-Keller] 1/cave à cadavres 1): sept (no 1 à 7)

- Crématoire III (dans les ruines de sa L-Keller 1): quatre (no 8 à 11)

- Zentral Sauna [installation de désinfection]: un de garniture (no 12) [arrachée d’un battant de porte d’une des quatre chambres de désinfection à l’air chaud Topf, ce battant gisant à même le soi dans la partie médiane du bâtiment, au nord (côté «sale»/Unreine Seite)]

- Crématoire IV (sur l’ensemble des murets reconstruits de la bâtisse): huit (no 13 à 20)

- Crématoire V (sur les murs reconstruits de sa partie ouest): quatre (n’ 21 à 24). [au Stammlager Auschwitz:]

- Crématoire 1 (dans sa Leichenhalle/morgue): sept (no 25 à 31) [au K.L.G. Birkenau:]

- Installation d’épouillage BW 5a du secteur B.la: un (no 32) [dans l’ancienne chambre à gaz d’épouillage au Zyclon-B de l’aile ouest du bâtiment].

Les fragments recueillis (sauf pour le no 12) consistaient en morceaux de briques auxquelles adhérait parfois du ciment. Chaque prélèvement effectué était filmé et son produit placé dans un petit sac plastique noir, scellé ensuite de manière étanche. Dès que l’équipe fut rentrée aux Etats-Unis, les prélèvements furent remis à un laboratoire d’Ashland (Massachusetts) afin de déterminer sur chaque échantillon le taux résiduel de cyanures (sauf pour le 12 dont Leuchter demandait la composition [feutre] et sur lequel fut pourtant pratiqué un dosage de cyanures). Après épuisement aqueux des échantillons, les dosages étaient pratiqués sur les solutions obtenues. Le laboratoire rendit les résultats le 15 mars.

En définitive, le rapport de Leuchter donne l’impression que son voyage s’était bien déroulé et que la coopération des employés des musées d’Auschwitz-Birkenau et de Maïdanek avait été parfaite. Les résultats des dosages de cyanures sur les échantillons appuyèrent les conclusions de l’ingénieura Leuchter qui déclara sereinement à la barre du Tribunal de Toronto que les installations présentées comme homicides dans les deux camps de concentration précités n’avaient jamais été utilisées en tant que telles et qu’en raison de leur conception et de leur réalisation, elles n’avaient pas pu servir de chambres à gaz homicides.

L’exploitation du rapport Leuchter par les négateurs ne tarda pas. Fin avril, Faurisson, dans un article publié par Rivarol claironnait son triomphe qu’il croyait définitif. En juin, un de ses suppôts, Alain Guionnet, rédacteur de tracts signés «l’Aigle noir», réclamait avec violence «aux assassins de l’histoire... ...de rendre des comptes». L’aspect scientifique du rapport Leuchter peut induire de sérieux doutes sur l’agent toxique utilisé par les SS dans leurs chambres à gaz homicides. Une personne troublée par ces résultats, avança en juillet que l’acide cyanhydrique n’avait jamais été employé, mais qu’un autre gaz, le Sarin (un anticholinestérasique) avait servi pour tuer les juifs. Si ce réflexe explicatif de défense primaire peut paraître valable, il est, sans discussion, historiquement erroné.

Quel point décisif du rapport permet aux négateurs de penser qu’ils ont «gagné»? La confrontation entre la quantité de cyanures résiduels dans la chambre à gaz d’épouillage du BW 5a de Birkenau (échantillon no 32) donnant 1050 mg/kg [milligrammes de cyanure par kilogramme de brique] et celles variant de 0 à 7,9 mg/kg fournies par des prélèvements dans l’ensemble des chambres à gaz homicides d’Auschwitz-Birkenau. Résultat déclenchant l’interrogation suivante: comment croire que des locaux, étant dits avoir servi quotidiennement à l’intoxication de milliers de victimes par l’acide cyanhydrique pendant un ou deux ans, ne recèlent que des traces infimes de cyanures alors que d’autres locaux, utilisés pour l’épouillage durant le même temps et avec le même gaz, présentent des restes d’une intensité cent cinquante fois à mille fois supérieure?

Telles furent les circonstances du rapport Leuchter. Les conclusions négatives que l’ingénieura formula semblent avoir été développées en dehors du contexte chimique. Pourtant, c’est sur celui-ci que s’appuient les négateurs pour formuler devant l’opinion la précédente interrogation qu’ils considèrent comme «définitive». L’évidente réponse (pour eux) est que jamais un seul juif n’a pu être tué dans les locaux incriminés.

Ce qui vient d’être retracé reflète la version des négateurs qui, aussi «respectable» qu’ils veulent la présenter, est viciée par une évidence: lié financièrement à Zündel, il était difficile à Leuchter, revenant de Pologne, d’affirmer froidement à son client que les chambres à gaz homicides avaient bel et bien fonctionné.

La malhonnêteté intellectuelle de Faurisson et sa carence historique sont manifestes dans ses «écrits». Il était prévisible que le rapport de Leuchter, manipulé par Faurisson, souffrirait de ces tares. Cette règle se vérifia une fois de plus dans ce travail, dont le niveau lamentable ne diffère en rien de celui habituel des publications nihilistes. Basé sur de fausses connaissances, induisant de faux raisonnements, conduisant à de fausses interprétations, le rapport Leuchter est irrecevable, parce que réalisé dans des conditions illégales, en méconnaissant les données historiques les plus simples et sabordé par de grossières erreurs de calcul et de métrage.

L’article de Faurisson dans Rivarol dévoila en France l’existence de l’ingénieura Leuchter, de son rapport «technique» et du «surprenant» résultat quantitatif obtenu (non chiffré alors). Ce fut loin d’être une surprise pour l’auteur du présent article, n’y voyant que l’exploitation du phénomène des «murs bleus» qu’il connaissait depuis longtemps. Les installations d’épouillage et celles homicides où fut utilisé du gaz cyanhydrique [se dégageant à 27°C du support poreux et inerte contenu dans les boîtes d’un produit destructeur de vermine, commercialisé sous le nom de Zyclon-B par la Degesch de Frankfurt am Main] étaient de conceptions strictement similaires: un local clos de cubage variable avec une ou deux portes étanches ou rendues étanches provisoirement et équipé d’un ou deux ventilateurs pour l’aération (pouvant s’effectuer parfois naturellement). Leurs procédures d’emploi étaient radicalement différentes. Les poux sont moins sensibles à la toxicité de l’acide cyanhydrique (HCN) que ne l’est l’homme. Une concentration de gaz cyanhydrique de 0,3 g[ramme]/m3 (dose létale) est immédiatement mortelle pour l’homme alors que, pour détruire les poux, une concentration de 5 g/m3 appliquée pendant au moins deux heures est nécessaire. Si on maintient cette concentration (5 g/m3) six heures, tous les insectes sont anéantis (donnée de la Degesch]. A Birkenau, la dose versée dans les chambres à gaz homicides était 40 fois létale (12 g/m3), ce qui tuait infailliblement un millier de personnes en moins de 5 minutes. Après, l’aération était provoquée ou la ventilation actionnée. Puis venait l’incinération des cadavres durant 24 heures (dans les crématoires Il et III). Le temps de contact de l’HCN avec les murs des chambres à gaz homicides n’excédait pas une dizaine de minutes par jour à une température inférieure à 30°C. Dans les chambres d’épouillage des vêtements une concentration minimale de 5 g/m3 était utilisée durant plusieurs cycles quotidiens dont la durée variait en fonction du temps de contact choisi. Cette saturation cyanhydrique pendant 12 à 18 heures par jour était renforcée par la chaleur dégagée de poêles (situés dans la chambre) fournissant une température de 30°C. Les murs étaient Imprégnés d’HCN chaud au moins douze heures par jour ce qui allait entraîner in situ la formation d’un colorant, le bleu de Prusse ou ferro-cyanure potasso-ferrique de composition variable en fonction des conditions d’obtention. La coloration bleutée des murs à l’intérieur et à l’extérieur n’était pas visible à la libération des deux camps, fin 1944 et début 1945. Elle se manifesta au cours des années suivantes, provoquée par divers facteurs physicochimiques dont l’étude n’a pas encore été entreprise. L’apparition de murs bleus dans les chambres à gaz d’épouillage permet maintenant de les distinguer visuellement, de façon empirique mais avec une certitude absolue, de celles homicides où ce phénomène est absent. Sans apport thermique. le trop bref contact de doses cyanhydriques, pourtant élevées, avec les murs des installations homicides n’a pu provoquer un développement de la réaction qui soit appréciable, c’est-à-dire visible.

Concernant les chambres à gaz d’épouillage au Zyclon-B, Faurisson et Leuchter cumulent les incohérences. Voici la première: Faurisson affirme que les chambres à gaz homicides étaient trop primitives pour être utilisées sans danger par les SS en regard de celles hautement sécurisées d’exécution américaines. Mais puisque les installations d’épouillage et homicides au gaz furent réalisées d’après la même conception et que seul le processus opératoire les différencie, on se demande comment, en bonne logique, il réussit à accepter celles d’épouillage alors qu’il nie farouchement toute réalité à celles homicides.

Quant à la seconde, le responsable est Leuchter. Faurisson assurait que, selon le «jugement» de l’ingénieura, les chambres à gaz de Maïdanek ne pouvaient, elles aussi, avoir été homicides. L’auteur, ayant visité ce camp, savait que trois locaux, présentés comme chambres à gaz homicides au Zyclon-B, comportaient des murs bleus, d’une intensité particulière. Il pensait, naïvement, que si Leuchter admettait comme chambre à gaz d’épouillage celle du BW Sa de Birkenau, Il devait reconnaître qu’au moins deux des trois locaux suspects de Maïdanek étaient homicides, puisque les zones bleutées ne manquaient pas sur leurs murs. Contre l’évidence, Leuchter leur dénia cette fonction...

Les traces «infinitésimales» de cyanures retrouvées dans les anciennes chambres à gaz homicides des crématoires d’Auschwitz-Birkenau gènèrent Faurisson, qui attendait un résultat totalement négatif conforme à sa «vision». Pour tenter de les expliquer, Il reprît la plus éculée de ses contrevérités: les infimes traces provenaient de désinfections au Zyclon-B que subissaient parfois les «morgues» [terme désignant sur les plans-projets des crématoires les salles souterraines ou en surface devant remplir ce rôle et qui furent transformées ultérieurement en chambres à gaz homicides. Faurisson ne retient que leur premier état]. L’acide cyanhydrique est avant tout employé comme destructeur de vermine, tels les insectes nuisibles et les rongeurs. Classé insecticide et raticide, Il ne possède aucune activité bactéricide ou germicide déclarée en faisant un antiseptique. On désinfecte un lieu, un local, des effets avec divers antiseptiques solides (chaux, chlorure de calcium), liquides (eau de javel, crésyl), gazeux (formaldéhyde, anhydride sulfureux). On épouille les vêtements avec un insecticide ou en le désinfectant sommairement dans des autoclaves par la vapeur sèche. Mais on ne désinfecte pas une morgue avec un insecticide ou un raticide comme le gaz cyanhydrique, ainsi que le dit sottement Faurisson, ce qui reviendrait à placer un cautère sur une jambe de bois. Leuchter, de formation scientifiqueb au contraire de Faurisson, usera pareillement de cette ânerie dans son rapport.

L’écart entre les taux de cyanures enregistrés entre les installations d’épouillage et celles homicides, les faibles quantités de cyanures relevées dans ces dernières, avaient permis aux négateurs de poser leur «terrible» interrogation. Mais, ces résultats sont en conformité avec nos connaissances historiques actuelles. Si Faurisson avait voulu mieux se documenter, il l’aurait compris au lieu de divaguer en croyant voir «se déchirer le voile de la grande imposture». En somme, en dépit des tentatives nihilistes, rien de neuf sur l’ancienne planète d’Auschwitz sinon le rappel vivace de la tuerie de plus d’un million de Juifs. (NDLR: 1352980 au total, selon la remarquable étude du Professeur Wellers «Essai de détermination du nombre de morts au camp d’Auschwitz» parue dans Le Monde juif, revue du C.D.J.C., n° 112, 1983.)

La publication en français de la partie «vive» du rapport dans les «Annales» ne fit que confirmer la méconnaissance historique de Leuchter (et de Faurisson) au sujet de ces deux camps. Sur celui de Maïdanek, on peut constater qu’elle est totale [on peut voir l’étude en fin d’article]. Le chiffrage des taux de cyanures, s’il réservait des surprises, ne compensait en rien les énormités de principe formulées par le couple Leuchter-Faurisson. Le texte français du rapport contenait en sus des bizarreries.

Mentionner un plan du crématoire V, jamais dessiné par les SS est absurde. Les entreprises civiles allemandes qui édifièrent conjointement les IV et V se servaient du plan du IV (plan Bauleitung no 2036 du 11 janvier 1943) en l’inversant symétriquement pour le V. Se référer au plan du crématoire III était vain dans le contexte du «travail» de Leuchter axé sur une de ses «Morgues» située au sous-sol, étant donné que la copie restante du III (plan Bauleitung no 2136 du 22 février 1943) n’en présente que le rez-de-chaussée accompagné des façades sud et ouest. Leuchter raconte qu’il s’est procuré ces plans sur place, au musée d’Auschwitz qui aurait été bien incapable de lui remettre une photo du plan crématoire V. La ficelle était un peu grosse. Le ton bonasse avec lequel il rapportait ses visites agrémentées de «prélèvements» aussi. L’auteur demanda aux responsables du musée une confirmation officielle de ses doutes. Ils s’avérèrent fondés [voir en annexe deux télégrammes: le premier fut adressé à Tadeusz lwaszko, conservateur des Archives du musée, plus susceptible d’indiquer les plans demandés et remis; le second de réponse est signé par Kazimierz Smolen, directeur du musée. Donc. toute la documentation historique de Leuchter provenait de Faurisson, ce qui était plus qu’inquiétant sur «l’impartialité», déjà entièrement hypothéquée, de l’ingénieura. La bibliographie du rapport intégral, citant les livres et les plans consultés, le démontre précisément. Ainsi, Leuchter mentait sur ses sources documentaires car il n’avait pu acheter en Pologne que des brochures et ouvrages sommaires destinés aux visiteurs des camps. De plus, il se garda soigneusement d’aller consulter le matériel historique disponible aux archives des musées.

Les prélèvements effectués par Leuchter étant illégaux, l’auteur n’évoquera leurs concentrations en cyanures que sous condition expresse qu’elles soient vérifiées par une expertise chimique officielle. En les admettant sous réserve comme valables, certains résultats, pouvant paraître inattendus à première vue, s’expliquent logiquement:

- Crématoire II: les sept échantillons ne comportent pas de cyanures (taux limite dosable: 1 mg/kg). Pourtant, la chambre à gaz du Il (dite L-Keller 1] fut la plus utilisée du camp. Elle fut dynamitée par les SS en janvier 1945. Ses ruines sont de nos jours régulièrement inondées par 30 cm d’eau en été, niveau atteignant 1 m à la fonte des neiges. L’absence de cyanures viendrait de leur solubilisation par les eaux de pluie et celles de la nappe phréatique. Les fouilles pratiquées sur le pourtour de ses murs en 1960-70 peuvent être un facteur négatif aggravant. Une autre expertise chimique serait envisageable, sans être obligatoire. Car, fin 1945, une recherche toxicologique fut pratiquée par l’Institut d’expertises judiciaires de Cracovie sur six ouvertures [ou «grilles»] en zinc (ayant appartenu au conduit d’aération supérieur de la L-Keller 1) trouvées dans les ruines du crématoire II par la Commission régionale d’investigations sur les crimes allemands en Pologne de Cracovie. Deux types de réactions furent effectués sur des raclures prélevées en surface des «grilles» afin d’y rechercher qualitativement des cyanures. La première réaction donna une coloration bleutée venant de l’obtention de bleu de Prusse, la seconde une coloration orange venant de l’obtention de thiocyanate, les deux indiquant la présence de composés de l’acide cyanhydrique. Les réactions mises en œuvre sont spécifiques des cyanures et peu sensibles, c’est-à-dire nécessitant qu’une forte quantité de cyanures soit présente pour que la réaction se développe. Trois de ces «grilles» sont toujours conservées dans les réserves du musée d’Auschwitz.

Une analyse toxicologique complémentaire est possible.

- Crématoire III: sur quatre échantillons, deux sont négatifs et deux positifs (1,9 et 6,7 mg/kg). Quoique sa L-Keller 1, pareillement dynamitée par les SS en janvier 45, soit en ruines, elle est nettement moins humide que celle du Il. Si quelques centimètres d’eau stagnent en permanence sur son sol, le niveau d’eau à la fonte des neiges n’excède pas 5 à 10 cm. Les deux résultats positifs sont conformes à nos connaissances. Les deux négatifs seront expliqués plus loin.

- Crématoire IV: sur huit échantillons, cinq sont négatifs et trois positifs (1,4 deux fois et 2,3 mg/kg). Selon les documents et les dires allemands, le crématoire IV aurait à peine fonctionné, rapidement mis hors service de manière irrémédiable. Les résultats devraient être tous négatifs. Incendié lors de la révolte du Sonderkommando en octobre 44, le IV fut démantelé ensuite. Les SS n’en laissèrent qu’une base de béton nue, retrouvée ainsi à la libération du camp. Après la guerre, les responsables du musée firent reconstituer le cloisonnement interne du IV en le matérialisant par des murets reconstruits selon le plan 2036 avec des briques provenant des gravats du crématoire V. La présence de cyanures s’explique parce que Leuchter «opéra» sur des briques appartenant non au crématoire IV mais au V dont les chambres à gaz homicides avaient été amplement utilisées durant l’été 44. Par ailleurs, Leuchter indique 1875 pieds2 (174 m2) comme superficie des trois anciennes chambres à gaz du crématoire IV alors qu’elle s’étend sur 240 m2. L’auteur reviendra sur cette erreur.

- Crématoire V: sur quatre échantillons, deux sont négatifs et deux positifs (1,7 et 4,4 mg/kg). Ces résultats sont conformes à l’histoire du bâtiment. Le V fonctionna au ralenti dès sa mise en service (avril 43) à l’été 44. Lors de l’arrivée massive des juifs hongrois, son four à 8 creusets incinérateurs, déjà défaillant devint Inutilisable. En remplacement, cinq petites fosses d’incinération à ciel ouvert furent creusées derrière le bâtiment afin d’y brûler les cadavres produits par ses chambres à gaz qui «tournaient» à plein rendement. Suite à l’incendie du IV en octobre et au démantèlement des Il et III en décembre 44, le V resta runique crématoire de Birkenau à fonctionner, et ce, de manière «normale» (son four seul étant utilisé) jusqu’à la mi-janvier 45. Une nuit, les SS le firent sauter. La Commission d’enquête soviétique n’en retrouva qu’un immense amas de gravats dont le déblaiement fut aussitôt entrepris. Les gravats furent dejetés sur le pourtour du bâtiment afin d’en dégager le soi bétonné. Puis, une reconstruction complète du V fut projetée et engagée. Pour une raison inconnue, elle fut interrompue alors que la hauteur des murs atteignait environ un mètre. Les diverses manipulations avaient mélangé les briques, ce qui ne permet plus d’obtenir des résultats précis mais que des approximations grossières à partir des positions actuelles des briques. Leuchter double la surface des trois puis quatre chambres à gaz homicides du V, lui donnant 5125 pieds2 (476 m2) au lieu de 240 m2.

- [au Zentral Sauna, le prélèvement de feutrage sur un battant de porte d’une des quatre chambres de désinfection à l’air chaud fut réalisé pour satisfaire l’idée fixe de Faurisson voulant trouver des cyanures là où il n’y en a pas et ne pas en trouver là où il y en a]

- Crématoire 1: sur sept échantillons, un fut négatif et six positifs (1,1; 1,3 deux fois; 1,4, 1,9-3,8 et 7,9 mg/kg). Le crématoire 1 ayant surtout servi de banc d’essai aux gazages homicides et, de ce fait, sa morgue ayant été peu utilisée en chambre à gaz, les taux de cyanures auraient dû être les plus faibles alors que on y relève le plus élevé. Les ruines des crématoires Il et IlI, les murs restaurés des IV et V, sont exposés aux intempéries depuis plus de quarante ans. C’est presque un miracle que des composés cyanhydriques y soient encore dosables. Par contre le 1, malgré les transformations intérieures subies, est resté dans son état d’origine. Les parois de sa morgue/chambre à gaz ne furent jamais exposées au soleil, à la pluie, à la neige (facteurs contribuant à la diminution des cyanures) ainsi que l’étaient et le sont les autres crématoires. Telle est l’explication de ce taux exceptionnel. En effet, malgré maint témoignages oraux et écrits l’affirmant, il n’était pas possible de prouver matériellement par des documents allemands que la morgue du crématoire 1 avait fonctionné en chambre à gaz homicide. Si les résultats de Leuchter sont confirmés après des dosages toxicoiogiques officiels, l’ingénieur aura apporté, en dépit de ses intentions, la preuve matérielle irréfutable de l’emploi homicide qui manquait aux historiens.

- [Le prélèvement de référence pratiqué par Leuchter dans l’installation d’épouillage BW 5a est à peine évoqué. Aucune étude de la chambre à gaz ne fut entreprise. L’«expertise» de Leuchter aurait été là suicidaire. Car, selon son habitude, il aurait conclu à l’impossibilité d’y gazer (même les poux), ôtant du même coup toute valeur à l’échantillon no 32]

Les capacités incinératrices des fours sont aussi traitées par Leuchter. Elles en deviennent si dérisoires que l’autour n’y répondra pas, rappelant seulement la lettre du 28 juin 43 que le commandant SS Kart Bischoff, chef de la Bauleitung d’Auschwitz (Direction des constructions), envoya à ses supérieurs de Berlin pour leur faire connaître le rendement quotidien des cinq crématoires du camp. même si ces chiffres appellent des réserves, ils existent et l’historien se doit d’en tenir compte.

Dernier coup porté par Leuchter à l’association chambres à gaz homicides et fours d’incinération: il les déclare incompatibles sous le même toit. Dès l’ouverture de la porte du local saturé l’acide cyanhydrique, local sans ventilation d’après Leuchter, le gaz se serait répandu dans tout le crématoire, aurait atteint les fours allumés et, combiné avec l’air, aurait explosé en détruisant le bâtiment... Les limites d’inflammabilité dans l’air pour FHCN sont de 5,6 % (minimale) à 40 % (maximale) en volume. Cela signifie qu’au contact d’une flamme, il y a explosion si la concentration d’acide cyanhydrique avec l’air est comprise entre 67,2 g/m3 et 480 g/m3. En dessous de 67,2 g/m3, aucun risque; au-dessus de 480 g/m3, pas de risque non plus car Il ne reste pas assez d’oxygène pour provoquer une inflammation. Les SS utilisaient des doses de 5 g/m3 en épouillage et de 12 g/m3 en homicide, doses largement en-dessous du seuil de 67,2 g/m3. Leurs crématoires et chambres à gaz n’étaient pas prêts d’exploser. L’opinion «impartiale» du «Chief Engineer» Leuchter repose sur un faux calcul. Cette idée tordue vient de Faurisson. Que Leuchter l’ait cautionnée sans la vérifier est atterrant.

Les fosses d’incinération qui furent creusées dans le bois de bouleaux et près du crématoire V n’ont, selon Leuchter, jamais pu l’ètre, parce que la nappe phréatique «se trouve à seulement 40 cm de la surface». L’auteur aimerait voir les photos des fosses d’incinération «inspectées» personnellement [!] par Leuchter à Birkenau. Il y reconnaîtrait les quatre fosses provisoires de décantation des eaux usagées de la même tranche de construction. Mis à part son ignorance totale des lieux, Leuchter ne rapporte qu’une situation, connue des habitants de la région d’Oswiecim, uniquement valable de nos jours et suivant la saison. Birkenau n’étant qu’un immense marais, les SS avaient fait drainer le terrain du camp, abaissant fortement (de 2 ou 3 mètres) le niveau de la nappe phréatique. Sans entretien depuis la libération, ce drainage est devenu progressivement innefficace, entraînant une remontée du niveau d’eau. On peut le vérifier en constatant l’immersion presque complète des sous-sols du Zentral Sauna, de la «maison des pompes» de la IIème station d’épuration, et celle partielle de la L-Keller 1 du crématoire II. De plus, lors de la visite de Leuchter en février-mars, la nappe phréatique était à son plus haut niveau saisonnier. Or, l’activité connue des fosses d’incinération se place en octobre-novembre 42 et à l’été 44, en dehors de la saison «critique».

L’extrait français publié dans les «Annales» n’est pas exploitable par les historiens parce que les plans indiquant la localisation des prélèvements dans les crématoires manquent. Ayant pu se procurer le rapport complet de Leuchter et après étude des plans, l’auteur ne put contenir son indignation pour un tel «travail» qui ne vaut même pas la corbeille où il finira. Leuchter y a déshonoré son titre d’ingénieura. Voici ce qu’il est possible de retirer de ses plans de localisation des prélèvements:

- Crématoire 1: d’après le plan (copié sur ceux Topf et Fils no d.59042 [a] du 25 septembre 41 et Bauleitung n* 4287 [a] du 21 septembre 44), Il semblerait que l’échantillon négatif n° 31 ait été pris au sol. L’absence de cyanures est normale, le sol cimenté étant nettoyé régulièrement à grande eau depuis quarante ans par le personnel d’entretien du Musée.

- Crématoire II: plan des prélèvements copié sur celui du sous-sol Bauleitung no 932 du 23 janvier 42.

Aucun changement par rapport aux remarques précédentes de l’auteur, sauf que Leuchter a fui les points de la L-Keller 1 où Il aurait pu trouver des cyanures.

- Crématoire III: plan de prélèvement obtenu par inversion symétrique du Bauleitung no 932. Les échantillons positifs 8 et 9 se situent au sud de la L-Keller 1, partie restée en l’état depuis 1945, alors que les deux négatifs, 10 et 11, appartiennent à la partie nord qui fut entièrement déblayée lors de fouilles en août 68 visant à mettre à jour les ouvertures de désaération basses de la chambre à gaz et qui furent un succès. Malheureusernent, les fouilles non consolidées, victimes du ravinement, entraînèrent l’effondrement des bords ce qui transforma l’ensemble en un magma indistinct sur lequel Leuchter picora ses échantillons 10 et 11.

Crématoires IV et V: seront traités ensemble puisque les briques du IV proviennent du V. En arrivant aux deux crématoires de la forêt. [du bois de bouleaux, le Birkenwald], Leuchter et son équipe devaient disposer au moins du plan 2036 du rez-de-chaussée du IV, connu de Faurisson et publié deux fois par l’auteur [dans Mémoire du Génocide, CDJC et FFDJF, page 625 et L’Allemagne nazie et le Génocide Juif, Hautes Etudes, Gallimard et Le Seuil, 1985 , pages 554 et 555. Le travail semblait simple et facile, les ruines étant désertes comme d’habitude. Mais, le silence oppressant des lieux, le craquement sous les pieds de fragments d’ossements humains exsudant de la terre, la vue au bout de la route de ceinture des deux immenses croix de bois flanquant l’entrée de la nouvelle église de Birkenau (installée dans l’ancienne Kommandantur SS), émurent Mme Leuchter, ébranlèrent le caméraman dont l’objectif trembla, retournèrent le métre un dessinateur et sapèrent la belle assurance de l’impavide Leuchter. Il pataugea lamentablement, incapable de situer les chambres à gaz dans les deux crématoires. Faurisson n’était pas là pour lui tenir la main. Les mesures furent faites n’importe comment et les prélèvements effectués n’importe où. Au IV, leur marteau de minéralogiste entailla des briques dans le sas entre la salle du four et le vestiaire-morgue, dans ce dernier, dans la pièce dite du médecin, dans la réserve de charbon attenante, partout sauf dans les trois chambres à gaz. Ignorant que le brassage désordonné des briques ne pouvait amener que des résultats sans signification, Leuchter n’essaya même pas ensuite de cornprendre pourquoi les échantillons 15 (du sas) et 16 (pièce du médecin) ne devant pas recéler de cyanures, en avaient. Quant au V, le seul échantillon, le 24, pris dans la chambre à gaz nord, se révéla négatif, alors que les 21 et 22 venant de la pièce du médecin étaient positifs. L’ingénieura ne les commente toujours pas.

Que Leuchter n’ait pu situer les chambres à gaz est une mésaventure courante, qu’il ait ignoré le mélange des briques est presque excusable. Ce qui ne l’est plus, c’est de prendre les historiens pour des imbéciles en leur proposant des plans des crématoires IV et V falsifiés, aux dimensions absurdes, avec des murs ajoutés et des parties retranchées. Leuchter a triplé toutes les surfaces rapportées; il a créé dans chaque pièce du médecin des deux crématoires une cloison fantôme sur laquelle il pratiqua des prélèvements; il a conçu un nouveau modèle de crématoire IV, le «kurz» ou «raccourci», en oubliant une tranche. Pour un monsieur qui se dit précis et pour qui «un fait est un fait», se faire rémunérer exagérément par Zündel pour de pareilles fautes, est infâmant.

Ces ultimes erreurs, s’additionnant aux autres et de leur seul poids, enfoncent définitivement le «rapport Leuchter» dans le cloaque de la bêtise et de la prétention humaines. Le dindon de cette triste «farce» est Zündel que la «virée polonaise» endetta jusqu’au cou et qui fut doublement grugé, par Leuchter qui fit ses choux gras d’une «expertise» bâclée et sabotée, et par Faurisson qui en exploite sans vergogne les résultats véreux.

Le KL Lublin - Maïdanek -:

Ici, l’incompétence historique de Leuchter apparaît également au grand jour. Elle n’est que le reflet de celle de Faurisson sur ce camp. Leuchter n’a réalisé aucun prélèvement dans les chambres à gaz, probablement par impossibilité d’en pratiquer de «sauvages» comme il le fit à Auschwitz-Birkenau

L’unique composante scientifique de ses Investigations étant absente, son argumentation sur les chambres à gaz et les crématoires de Maïdanek relève donc de la subjectivité. S’étant coupé de sa seule base valable, Leuchter déprécie encore plus ses commentaires en les appuyant sur l’état actuel des lieux sans tenir compte des réaménagements qu’ont subis les bâtiments depuis la libération afin de les sauvegarder des dégradations du temps. S’enferrant dans ses faux calculs, Leuchter continue de faire exploser les crématoires dès qu’il y soupçonne l’emploi d’acide cyanhydrique dans une morgue. Enfin, incapable d’effectuer une visite complète du camp, il se désintéresse d’une chambre à gaz du bloc des trois situé au nord-est de la baraque 41 (Bain et désinfection 1), omet d’étudier la maquette du camp qui lui aurait fait comprendre l’aménagement d’origine des installations qu’il devait «expertiser» et ne voit pas un des deux fours mobiles Kori du premier crématoire, conservé dans la baraque 50 de l’exposition du Musée. Grevées par ces manques, ces erreurs, ces omissions, les appréciations de Leuchter sur les chambres à gaz et le nouveau crématoire de Maïdanek, ayant perdu toutes assises sérieuses, n’ont aucune valeur.

Selon l’historiographie officielle, ont existé au K.L. Lublin-Maidanek SEPT chambres à gaz homicides, certaines ayant eu un fonctionnement mixte, à l’acide cyanhydrique (HCN) ou à l’oxyde de carbone (CO). Faute d’une étude technique précise, ces chambres à gaz restent mal connues, car maintes questions sur leur marche demeurent encore sans réponses. Il se peut que les chercheurs du Musée de Maïdanek en aient élucidé certaines, mais leurs textes explicatifs ne semblent pas avoir été publiés. Dans l’ordre chronologique de l’édification de ces chambres à gaz, en voici de succintes descriptions qui seront complétées des remarques de Leuchter.

Les deux premières chambres à gaz dites homicides, aménagées dans une baraque en bois, se situaient dans rentre-champ (bande de terrain entre les champs 1 et 11). Se trouvaient à proximité une blanchisserie et le premier crématoire, Installé pareillement dans une baraque en bois, au soi bétonné, renfermant deux fours monomoufles mobiles de la firme H. Kori de Berlin, chauffés à l’huile lourde (mazout). Leur capacité incinératrice globale a été estimée par les SS à 100 cadavres en 12 heures1, soit 4 corps/heure par creuset incinérateur. Ce rendement, comparé à celui des trois fours à 2 moufles Topf du crématoire I d’Auschwitz (capables de meilleures performances que ceux de Maïdanek) est exagéré et doublé par rapport à la réalité. La marche des deux chambres à gaz est dite avoir été mixte. HCN et CO. Puis, elles furent transformées en local de séchage pour les vêtements. Actuellement, la baraque où elles étaient existe encore mais n’est pas incluse dans le circuit proposé aux visiteurs du camp. Aucune recherche de cyanures ne semble y avoir été pratiquée par les Polonais. Dans son état actuel, la baraque comporte de nombreuses fenêtres vitrées. ce qui aurait rendu tout gazage homicide impraticable. Beaucoup plus significatifs sont les récits des anciens détenus affirmant que les quelques dizaines de malades et de «musulmans», dirigés quotidiennement à cette époque vers ce premier crématoire, étaient tués non au gaz mais achevés d’un coup de barre de fer sur la nuque. Il est vraisemblable que ces deux chambres à gaz de fortune ont servi à l’épouillage des effets avec du Zyclon B (HCN). Le voisinage de la blanchisserie est un argument supplémentaire en faveur de cette interprétation. Quant à Leuchter, il ne voit ni cette baraque (même de loin) ni le four Kori restant.

Le bloc des trois chambres homicides placé dans le prolongement au nord-est du «Bad u. Desinfektion 1» a subi des modifications intérieures et extérieures qu’il est nécessaire de retracer pour en comprendre l’aménagement et les fonctions successives.

Commencé en août et terminé en septembre-octobre 1942, ce bloc prévu de 10,60 m sur 8,64 m et haut de 2,40 m devait comporter deux chambres de destruction des parasites (les dimensions intérieures de chacune étant après construction de 9,2 m sur 3,62 m sur 2,05 m pour un cubage de 73 m3) dont l’agent désinfectant était la chaleur sèche obtenue grâce à deux poêles (livrés par la firme Theodor Klein de Ludwigshafen au prix de 1400.- RM les deux). L’un fut placé le long de la paroi nord du bloc et chauffait le premier local [désigné arbitrairement de local A sur le schéma accompagnateur], l’autre fut monté le long de la paroi sud afin d’assurer le chauffage du second local [dit: B]. La température utilisée était de 120°C (température caractéristique de la désinfection en autoclave), ce qui impliquait l’emploi d’un thermomètre pour la contrôler. L’air brûlant était pulsé à l’intérieur des locaux par des ventilateurs (un par poêle). Ce bloc aux murs de briques, au sol cimenté et au plafond en béton fut édifié à même le sol2. Chacun des locaux A et B comportait deux lourdes portes en fer (aux extrémités est et ouest), étanches, avec judas et un orifice (uniquement sur les portes ouest) permettant d’y mettre un thermomètre afin de suivre révolution de la température. Ces portes furent fournies par la firme berlinoise Auert. Le bloc et les extrêmités nordest des deux baraques «Bad u. Desinfektion» furent protégés des intempéries par une grande toiture, en forme de hangar, de 60 m sur 18 m et haute de 4 ou 5 m. L’installation ne servait: alors strictement qu’à la désinfection des effets par la chaleur sèche à 120°C appliquée pendant une demi-heure. Le hangar permettait le transport des vêtements entre le bloc et les deux baraques à l’abri de la pluie ou de la neige. On peut assimiler à cette époque les locaux A et B à deux immenses autoclaves.

La manipulation des portes encore brûlantes après un cycle de désinfection devant entraîner des difficultés ou les poêles ne fournissant pas la température souhaitée, cette technique fut abandonnée et remplacée par l’épouillage des effets au gaz cyanhydrique (Zyclon-B). Le mécanisme des poêles de chauffage fut simplifié pour l’adapter à la nouvelle méthode puisqu’une trentaine de degrés Celcius suffisait pour provoquer l’évaporation de l’acide cyanhydrique. Les ventilateurs furent enlevés3. Les disques ou granules de Zyclon étaient déposés sur le soi des locaux par un homme portant masque à gaz, puis les portes étaient closes. Après action du produit, la ventilation des locaux s’effectuait naturellement par ouverture des portes (à l’est et à l’ouest) créant un courant d’air. Le personnel desservant les locaux, devait alors soit s’écarter des lieux jusqu’à aération complète, soit ne pouvait reprendre rapidement le travail qu’équipé de masques à gaz et après une diminution substantielle du taux de toxique. L’emploi des locaux A et B en chambres à gaz d’épouillage à l’HCN est formellement attesté par le phénomène des «murs bleus» (bleu de Prusse), son intensité étant renforcée par rapport à celle des installations d’épouillage BW 5a et Sb de Birkenau par l’insufflation d’air chaud directement dans les locaux (et non par simple chauffage intérieur comme à Birkenau). La coloration bleutée s’est développée sur la totalité des parois du local A et sur une partie de celles du B (l’auteur reviendra sur ce point).

Une dernière transformation du bloc aboutit à la création de chambres à gaz homicide à l’oxyde de carbone. Il ne peut exister le moindre doute sur la criminalité de cet aménagement, puisque le CO, s’il est mortel pour les animaux à sang chaud (dont l’homme), n’a pas la moindre utilité en épouillage.

Le local 8 fut divisé en deux pièces égales, désignées de B1 et B2. Seule la B1 fut équipée d’une arrivée de CO composée d’un tuyau métallique, percé d’orifices, courant à 30 cm du soi sur trois côtés de la pièce et relié initialement à une bouteille d’acier contenant de l’oxyde de carbone liquide. Un appentis extérieur fut ajouté au centre du côté ouest du bloc. Il contenait deux bouteilles de CO (la seconde pour le local A) et, d’un regard vitré et grillagé. On pouvait observer le gazage des victimes uniquement dans la pièce B1. La B2 ne reçut pas d’installation semblable. Dans le plafond des deux nouvelles pièces obtenues, fut pratiquée une ouverture. Le poêle chauffant l’ancien local B, sans utilité dans cette configuration, fut transféré et branché le long du mur sud de la pièce C (étudiée plus loin). La postériorité du partage en deux du local B par rapport à son emploi en chambre à gaz d’épouillage au Zyclon est prouvée par les taches bleu de Prusse maculant ses murs et dont l’une d’elles est coupée à moitié par la cloison transversale. De plus, cette dernière est vierge de traces bleutées.

Quant au local A, il reçut aussi un appareillage de diffusion du CO, provenant de la seconde bouteille d’acier situé dans l’appentis extérieur. Il consiste en un tuyau (de section plus faible que celui de la B1), courant à 30 cm du sol le long de la paroi sud. Le gaz diffusait aux deux extrémités du tuyau au travers de plaques de métal perforées situées aux angles du local. Aucune ouverture ne fut percée dans le plafond et il ne fut pas aménagé de contrôle visuel à partir de l’appentis.

L’emploi des espaces A, B1 et B2 en chambres à gaz homicide à l’HCN paraît difficile et reste aléatoire. Dans les pièces B1 et B2. il est dit que les granules de Zyclon-B étaient déversées au travers de l’ouverture du plafond. A la connaissance de l’auteur. aucun témoignage ne rapporte avoir vu un SS monter par une échelle sur le bloc. L’aération de pièces de 36 m3 chacune, ne comportant comme ouvertures que celle du plafond et la porte, sans ventilation artificielle, ne pouvait qu’être longue. Pour la A, l’introduction du toxique pose un problème qu’un historien du musée de Maïdanek4 a évoqué: «On ne jetait pas le Zyclon par un orifice au plafond comme dans la chambre à gaz précédente [B1], mais par la baie des portes avant leur fermeture». Il est franchement irréaliste d’imaginer un SS, masque à gaz au visage et une boîte de Zyclon-B en mains, projetant celle-ci dans l’espace d’une trentaine de cm de hauteur existant entre les têtes des victimes tassées et le plafond (les granules du toxique risquant de s’éparpiller devant le local), puis essayant de refermer sur elles la porte, sans que cette opération ne dégénère en révolte désespérée des victimes.

En fonction des données précédentes, l’auteur pense que le local A n’a pas pu fonctionner de manière homicide avec du Zyclon-B. Dans les pièces B1 et B2. la technique semblerait possible, mais une utilisation réelle est improbable. Il apparaît plutôt que les SS voulurent disposer de deux chambres à gaz homicides (A et B1) marchant au CO et de contenances différentes: la A (36 m2) pour des groupes de 250 à 350 personnes, la B1 (18 m2) pour ceux de 125 à 175, nombres qui sont répétés maintes fois par les survivants chiffrant les «fournées» des chambres à gaz. Enfin, les ouvertures des plafonds B1 et B2 auraient servi, plus certainement à accélérer l’aération des pièces plutôt qu’à y projeter le Zyclon-B. Cette interprétaiion n’est valable que pour B1. La pièce B2, dans l’aménagement homicide du bloc, ne semble avoir joué qu’un rôle inactif, d’espace «mort», et ce malgré son ouverture au plafond.

A la libération du camp, le hangar protégeant le bloc était partiellement endommagé. L’appentis était vide. On y plaça au début des boîtes de Zyclon-B, laissant croire que leur contenu pouvait être déversé dans le tuyau de la pièce B1 (et non par l’ouverture du plafond)5. Cinq bouteilles d’acier de CO furent retrouvées dans le camp. Après analyse chimique de leur contenu, deux furent installées dans l’appentis. Par la suite, le hangar fut démantelé. Le bloc fut recouvert d’une toiture d’un style rappelant les baraques-écuries du camp et rattachée à la baraque 41 (Bad u. Desinfektion 1). L’édification de murs de liaison et la prolongation du toit entre les deux constructions donne de nos jours la fausse impression d’un ensemble homogène. Le poêle du local A (le seul retrouvé) fut enclos dans une cage de bois vitrée. Le bloc fut ceinturé d’une large rigole en ciment, pour le recueil de l’eau de pluie, elle-même flanquée d’un trottoir en pierre, situé en dessous du niveau du terrain du camp. Toutes ces modifications sont postérieures à 1945.

Leuchter, en ne visitant pas la pièce B2, en néglige le rôle essentiel dans les phases évolutives du bloc. Pour lui, l’emploi d’HCN dans les espaces A et B1 relève de l’mpossible pour diverses considérations de construction et de ventilation. Les traces bleutées intérieures et extérieures des murs lui fournissent la preuve visible, palpable, que maintes fois ces lieux furent saturés longuement d’acide cyanhydrique chaud. Il les voit, les mentionne du bout des lèvres, mais dénie à ces locaux tout usage en installation d’épouillage au Zyclon-B alors que leurs murs lui crient le contraire. Un emploi homicide à l’HCN ou au CO y est, on s’en doute, inconcevable à ses yeux. Ne pouvant comparer avec l’état d’origine qu’il ignore superbement, il s’étonne que les ouvertures du plafond ne communiquent pas avec l’extérieur (puisque recouvertes du nouveau toit). La plus belle «perle» de ses élucubrations revient au «trottoir» qu’il «expertise» ainsi [point 12006 de son rapport]: «L’un des aspects les plus remarquables de ce complexe est que les chambres sont entourées sur les trois côtés par un trottoir en béton qui se situe en contrebas [du terrain]. Ceci est totalement incompatible avec une utilisation rationnelle des gaz vu que toute fuite de gaz s’accumulerait dans cette tranchée et, étant à l’abri du vent [faux. Bien au contraire], ne se dissiperait pas. Ceci transformerait toute cette zone en piège mortel, particulièrement avec le HCN»c. Leuchter en conclut donc que «... cette installation n’a jamais été prévue pour Un Usage même limité du HCN». il reprend cet argument «choc» dans ses conclusions sur Maïdanek [point 17005 du rapport]: «... le trottoir en contrebas est un piège potentiel pour le gaz HCN, ce qui rend le bâtiment extrêmement dangereux».

La sixième chambre à gaz [désignée de C] se situe dans la baraque «Bad u. Desinfektion 1», renfermant essentiellement des douches. Le local C se trouve à l’extrémité nord-est du bâtiment. contigu à la salle des douches. Cette proximité a entraîné une regrettable confusion dans les années 1950-60, aboutissant à présenter souvent la salle des douches comme une chambre à gaz homicide (le toxique gazeux étant sensé diffuser des pommeaux). Le local C, de 75 m2 de superficie, de 2,90 ni de hauteur, de 217 m3 de cubage, était fermé par deux portes étanches en bois (d’un modèle proche de celles utilisées à Auschwitz-Birkenau). Il comportait deux ouvertures au plafond et deux autres dans sa paroi sud où se trouvait un vasistas fixe, à hauteur d’homme, éclairant le local. Après modification du bloc d’épouillage en chambres à gaz homicides, le poêle du local B fut attribué au local C et placé contre sa paroi sud6. Le fonctionnement intense de C en installation d’épouillage au Zyclon est attesté par l’extraordinaire coloration bleutée de ses murs. L’emploi homicide de ce local n’est concevable qu’à deux conditions: suppression du vasistas susceptible d’être brisé par les victimes et ajout d’une ventilation mécanique.

Après une opération d’épouillage, l’ouverture des deux portes pouvait créer un courant d’air qui aurait entraîné du poison gazeux dans d’autres parties de la baraque. D’où l’obligation absolue de maintenir fermée la porte communiquant avec la salle de douches. Si l’aération n’avait pu s’effectuer qu’entre les deux ouvertures supérieures et la porte, elle aurait été longue et peu efficace On pouvait en fait ventiler, les deux portes closes, en pulsant (grâce au ventilateur du poêle) de l’air chaud dans le local. Le gaz cyanhydrique, rendu ainsi plus léger que l’air, s’échappait par les deux orifices du plafond et se diluait dans l’atmosphère. En peu de temps, le taux résiduel d’HCN, devenu inoffensif, permettait l’ouverture de deux portes, l’établissement d’un courant d’air balayant les dernières traces cyanhydriques et le refroidissement des Deux. Le local C marcha ainsi en chambre à gaz d’épouillage des vêtements. En emploi homicide, il aurait pu devenir la chambre à gaz la plus «performante» du camp, si l’emplacement du vasistas avait été comblé. La présence ou l’absence à la libération du vasistas conditionne la fonction homicide sur laquelle l’auteur ne peut actuellement se prononcer.

Leuchter admet que le local C fut utilisé en épouillage (la preuve étant visible aux murs) mais, toujours pour des raisons de ventilation, exclut d’office l’usage homicide. Le poêle, son ventilateur et le vasistas ne figurent pas dans son argumentation.

La septième présumée chambre à gaz homicide se situe dans le nouveau crématoire équipé d’un massif assemblage de cinq fours monomoufles Kori capables d’incinérer environ 300 corps en 24 heures (le chiffre officiel étant de 1000 par jour). La directrice adjointe du Musée a affirmé à l’auteur que cette chambre à gaz avait très peu, mais vraiment très peu servi, ce qui signifie en clair qu’elle n’a pas servi du tout. Cette fiction est maintenue pour ne pas heurter la croyance populaire qui veut qu’un crématoire comporte obligatoirement une chambre à gaz homicide (comme dans les crématoires d’Auschwitz-Birkenau). Outre cette information verbale, dans un récent historique du camp7, la présence d’une chambre à gaz n’est pas indiquée dans la description de l’aménagement intérieur du nouveau crématoire et pour cause, puisque la pièce incriminée est désignée de morgue sur un plan-projet allemand de la bâtisse. En usage homicide avec du Zyclon-B, sa position enclavée dans le bâtiment, entre la pièce d’autopsie, un couloir et la pièce dite de mise en bière, lui aurait imposé une ventilation artificielle dont nulle trace restante n’est visible. Dans l’hypothèse d’une aération naturelle par courant d’air, une évacuation complète du crématoire aurait été nécessaire pour une durée difficilement estimable.

Toujours victime de ses faux calculs, Leuchter en conclut que suite à l’utilisation «gazeuse» de la morgue, à l’ouverture des portes, le crématoire aurait explosé.

             

Notes.

1. Rapport établi à Berlin le 20 janvier 1943 par le capitaine SS Krone sur son voyage d’inspection effectué du 12 au 16 janvier à la Direction centrale des constructions de Lublin .

2. Photo conservée aux Archives de la Commission centrale pour la recherche des crimes hitlériens en Pologne de Varsovie, réf. sygn. 3809.

3. Photo des Archives de la Commission centrale de Varsovie, réf. sygn. 3810A.

4. Budowa obozu koncentracyjnego na Majdanku w latach 1942-1944 de Jòsef Marszalek (Bau des Konzentrationslagers Maïdanek 1942-1944/Construction du camp de concentration de Maïdanek au cours des années 1942-1944) dans Zeszyty Majdanka [Les Cahiers de Maïdanek], tome IV, 1969. Les renseignements de base utilisés par l’auteur dans son article proviennent de cette étude.

5. Maïdanek, un camp d’extermination, de Constantin Simonov [Correspondant spécial du journal l’Etoile rouge de Moscou], Editions Sociales, Paris, sans date mais de mai 1945. Simonov rapporte n’avoir vu et visité [fin 1944] que deux chambres à gaz: celle désignée de Bl et celle du nouveau crématoire (sa morgue). Il ne décrit ni le local A, ni la pièce B2. Il estime que la baraque 41 (dont le local C) ne servait qu’à l’épouillage des vêtements.

6. Photos des Archives de la Commission centrale de Varsovie, réf sygn. 41, 42, 43 et 3804.

7. Majdanek Konzentrationslager Lublin, de Jòsek Marszalek, Verlag Interpress, Warszawa, 1984 (page 33).              

a. Note de PHDN. A la date de rédaction de son article, il manquait quelques éléments à Jean-Claude Pressac. En fait Fred Leuchter est un escroc utilisant induement le titre d’ingénieur. Aucune chambre à gaz dont il serait le concepteur n’existe au USA. S’il a bien construit des dispositifs de mise à mort (chaise électrique, potences), il a utilisé des méthodes proches du chantage pour les vendre aux prisons américaines. De plus il n’a aucune compétence en chimie. Voir Ken McVay, Danny Keren, Le Rapport Leuchter: un FAQ, traduction Gilles Karmasyn: http://www.phdn.org/negation/leuchfaq.html

b. Note de PHDN. En fait Jean-Claude Pressac commet une erreur: Leuchter n’a aucune formation scientifique. Il utilise induement le titre d’ingénieur. Il a en fait un diplome d’histoire, discipline qu’il semble n’avoir jamais exercée. Il n’a aucune compétence en chimie. Voir Ken McVay, Danny Keren, Le Rapport Leuchter: un FAQ.

c. Note de PHDN. Il s’agit d’une affabulation grotesque de Leuchter: l’acide cyanhydrique est un gaz plus léger que l’air. Aucune «accumulation» n’est donc possible. Leuchter faisait preuve une fois de plus de son incompétence radicale et démontrait qu’il recherchait coûte que coûte n’importe quel argument, aussi frelaté soit-il, afin d’atteindre la conclusion recherchée...

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30/10/2000 mis à jour le 12/08/2001