1. Le Monde a d’ailleurs rapporté qu’il n’a pas quitté ses notes des yeux pour les tenir. Tout porte à croire qu’il a beaucoup travaillé ses formulations 2. «Conférence de presse de Bruno Gollnisch. (Extrait)», le 11 octobre 2004, Français d’abord, le Magazine de Jean-Marie Le Pen. 3. Cité par Olivier Pognon, «Négationnisme: Gollnisch relance la polémique», Le Figaro, mercredi 13 octobre 2004, p. 8 4. Sophie Landrin, «Bruno Gollnisch (FN) émet des doutes sur l’existence des chambres à gaz et relativise l’ampleur de la Shoah», Le Monde, mercredi 13 octobre 2004, p. 9. 5. Christophe Forcari, «Dix-sept ans après son leader, le numéro 2 du FN met en doute leur existence. Chambres à gaz: Gollnisch fait son Le Pen», Libération, mardi 12 octobre 2004, p. 12. 6. Ibid. 7. Conférence de presse de Bruno Gollnisch, op. cit. 8. Gollnisch pour un «débat libre sur le drame concentrationnaire», 11 octobre 2004, tf1.fr. 9. Ibid. 10. Ibid. 11. «Bruno Gollnisch maintient ses propos jugés négationnistes», Site web sur Nouvel Observateur. 12. Ibid. 13. Voir notre analyse des reproches généralement faits à la loi Gayssot, «La loi Gayssot et ses critiques de bonne foi. Ignorance de la nature du négationnisme». 14. Olivier Pognon, «Les propos de Gollnisch jettent le trouble au FN», Le Figaro, vendredi 15 octobre 2004. 15. Sur Katyn, voir notre introduction. Le sujet de Katyn à Nuremberg et de son utilisation frauduleuse par les négationnistes est traitée sur PHDN dans différents articles, Voir avant tout: «Katyn à Nuremberg, la honte et la justice», notamment la note 17. 16. Les négationnistes ont souvent prétendu de façon mensongère que la loi dite «loi Gayssot», sanctionnant l’expression publique du négationnisme interdisait de dire que c’est l’URSS qui était responsable du massacre de Katyn. Nous avons expliqué pourquoi il s’agissait d’une falsification à la fin de notre rappel sur la loi Gayssot. 17. Le caractère particulièrement pervers de l’argumentaire négationniste sur Katyn peut être vérifié lorsque un personnage, comme le fondateur de Reporter Sans Frontière, Robert Ménard, adhère explicitement au mensonge négationniste selon lequel accuser les Soviétiques du massacre de Katyn tomberait sous le coup de la loi Gayssot. Voir Emmnauelle Duverger, Robert Ménard, La Censure des Bien-Pensants, Albin Michel, 2003, p. 75-76. Robert Ménard et Emmanuelle Duverger ont, semble-t-il, été manipulés par Eric Delcroix, qu’ils citent en l’approuvant, avocat des négationnistes et négationniste lui-même. Dans un chapitre trahissant, a minima, une ignorance scandaleuse de la réalité historique et une réelle intoxication – de bonne foi? –, par les mensonges des négationnistes sur la loi Gayssot, ils dénoncent cette loi à fort mauvais escient et en toute méconnaissance de cause. 18. La Croix, vendredi 3 décembre 2004, p. 8. 19. La Croix, jeudi 16 décembre 2004, p. 23. 20. La désignation «centre de mise à mort» est empruntée à Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988. 21. Raul Hilberg, op. cit, p. 1045-1046. 22. Une «main d’œuvre» d’esclaves juifs était cependant maintenue en vie dans les centres de mise à mort, mais ils ne l’étaient que pour les tâches nécessaires à l’assassinat immédiat des Juifs transportés jusque là de l’Europe entière. Voir Yitzhak Arad, Belzec, Sobibor, Treblinka - the Operation Reinhard Death Camps, Indiana University Press, 1987. 23. Karin Orth, Das System der nationalsozialistischen Konzentrationslager: Eine politische Organisationsgeschichte, Hamburg: Hamburger Edition, 1999, p. 343-350, notamment p. 345-46. Et aussi BDIC, La déportation, le système concentrationnaire nazi, 1995, p. 64-78. [Addenda 2023: en 2018 nous avons proposé sur PHDN une synthèse des meilleures évaluations du nombre de victimes dans le système concentrationnaire stricto sensus: ici…] 24. Raul Hilberg, op. cit, p. 1045-1046. 25. Longtemps le nombre de Juifs déportés de France a été évalué à 120 000. C’est Serge Klarsfeld qui a revu ce bilan à la baisse, preuves à l’appui, avec une méthodologie toute de rigueur historienne, en le ramenant à 76 000 (Serge Klarsfeld, Le mémorial de la déportation des Juifs de France, 1978). On notera que cette baisse significative (36%) ne change ni l’ordre de grandeur du bilan, ni la nature du sort qui fut réservé à ces déportés. Remarquons ici que le terme «déporté» est lui-même imprécis dans la mesure où des personnes transportées dans un but d’assassinat immédiat à l’arrivée (aussi lointaine se trouve-t-elle) sont mal désignées par ce terme. Cette ambiguïté du terme «déportation» n’a pas peu fait pour semer le trouble dans l’esprit du grand public, entretenir le flou dans les représentations collectives et faciliter le travail de sape des négationnistes. 26. Le 4 novembre 1942, le Général Giusepe Pieche, officier des carabiniers italiens en Croatie du Nord et en Slovénie, rédige une note à l’attention de son gouvernement et précise à propos des Juifs déportés vers l’Est depuis la zone d’occupation allemande: «Ils sont éliminés au moyen de gaz toxiques» (Walter Laqueur, Le terrifiant secret. La «solution finale» et l’information étouffée, Gallimard, 1981, p. 47). Ulrich von Hassell, longtemps ambassadeur d’Allemagne en Italie, et l’un des participants à l’attentat de juillet 1944 contre Hitler, écrit dans son journal le 15 mai 1943 à Ebenhausen: «D’innombrables juifs, en tout cas des centaines de milliers, sont gazés dans des installations spéciales.» (Ulrich von Hassell, Journal d’un conjuré 1938-1944, l’insurrection de la conscience, Belin, 1996, p. 323). Voir de très nombreuses autres citations de sources allemandes, nazies et italiennes pendant la Shoah, notamment celles qui mentionnent explicitement les gazages. 27. Stéphane Courtois, Adam Rayski, Qui savait quoi? L’extermination des Juifs 1941-1945, éditions La Découverte, Paris, 1987. 28. Voir sur PHDN, les différents sections et articles relatifs à l’histoire de la Shoah. 29. Voir Bernard Comte, Le génocide nazi et les négationnistes. Pour ce qui est d’un «débat» avec les négationnistes, voir «La loi Gayssot et ses critiques de bonne foi. Ignorance de la nature du négationnisme». Sur l’incapacité des négationnistes à produire autre chose que des falsifications, voir notamment les sections Faurisson et Rassinier du présent site. 30. Sophie Landrin, «L’université Lyon-III demande la suspension de Bruno Gollnisch», Le Monde, vendredi 15 octobre 2004, p. 9. 31. Le Monde, samedi 16 octobre 2004, p. 11. 32. Olivier Pognon, «Les propos de Gollnisch jettent le trouble au FN», Le Figaro, vendredi 15 octobre 2004. 33. «Le révisionnisme rejette à la fois l’idée et le fait du génocide comme impossibilités matérielles parce que le génocide est surtout une imposssibilité idéologique» écrivait Mondher Sfar, «Les chambres à gaz, enfer sacré de Faust», Revue d’Histoire révisionniste, no 1, p. 39. Mondher Sfar s’est depuis recyclé dans la dénonciation hystérique d’Israël. Le matérialisme dont s’entoure parfois le négationnisme de gauche n’est évidemment qu’un piètre camouflage de l’antisémitisme qui est toujours au cœur du discours négationniste. 34. Voir notre étude (cliquer). 35. Voir notre étude de la falsification systématique par presque tous les négationnistes d’un courrier de l’historien allemand Martin Broszat au journal Die Zeit en 1960, et la propre rhétorique de Faurisson sur le sujet. 36. Thierry Maricourt, Les nouvelles passerelles de l’extrême droite, édition Syllepse, 1997, p. 109 et Jean-Yves Camus et René Monzat, Les droites nationales et radicales en France, Presses universitaires de Lyon, 1992, p. 96-97. 37. Une thèse d’université n’avait (elle n’existe plus aujourd’hui) rien à voir avec une thèse d’état: la seconde étant beaucoup plus sérieuse, longue et cotée que la première. D’ailleurs, les irrégularités majeures qui ont entaché la soutenance en question sont dues au fait qu’une réforme de la thèse d’Université était sur le point d’être adoptée, qui mettait fin à un laxisme certain et aurait empêché Roques de soutenir sa «thèse» 38. Pierre Bridonneau, Oui, il faut parler des négationnistes, Cerf, 1997. 39. Le Monde, mercredi 13 octobre 2004, p. 9, art. cit.

Bruno Gollnisch en octobre 2004

Les déclarations de Bruno Gollnisch sont implicitement, mais sans ambiguïté, négationnistes.

© Gilles Karmasyn 2004 - Reproduction interdite sauf pour usage personnel
 

Bruno Gollnisch en 2004
Bruno Gollnisch en 2004 


Le grand public confond souvent, en des représentations collectives erronées, «camps de concentration», «chambres à gaz» et «génocide des Juifs». «Seulement» la moitié des Juifs assassinés durant la Shoah le furent dans des chambres à gaz, et 99% de ces Juifs assassinés par gazage ne le furent pas dans des camps de concentration, mais dans des centres de mise à mort industrielle. Les négationnistes, et dans le cas présent Bruno Gollsnisch, jouent sur ces lacunes, qui ne sont pas, et n’ont jamais été celles de historiens, afin de nier la réalité du génocide ou de susciter le doute chez un public mal informé et non averti. On va le voir avec les propos tenus par Bruno Gollnisch à l’automne 2004.

Le 11 octobre 2004 Bruno Gollnisch, délégué général du Front national a décidé de se faire de la publicité en recourant à des déclarations volontairement scandaleuses sur la Shoah, à l’occasion de la publication d’un rapport sur les liens entre l’Université Lyon III et le négationnisme, discours qui consiste à nier la réalité, l’ampleur, ou les modalités de l’extermination des Juifs d’Europe par les nazis et leurs complices pendant la Seconde Guerre mondiale.

Bruno Gollnisch croit ses déclarations suffisamment habiles (jamais les mots «Juifs», «génocide», «extermination» ou «Shoah» ne sont prononcés, mais le contexte de ces déclarations ne laisse aucun doute sur la cible de ses propos) pour échapper à la qualification de négationnisme1. S’il n’est pas exclu qu’un juge peu inspiré en décide ainsi, l’analyse informée de ces propos démontre qu’ils sont clairement destinés à légitimer un discours négationniste dont Bruno Gollnisch maîtrise parfaitement, nonobstant ses protestations du contraire, les codes.

Ces déclarations, citées par divers organes de presse, et partiellement, sur un site du Front national consistent en ce qui suit (pas nécessairement dans l’ordre initial, mais les principaux moments y sont) :

«M. Rousso, historien estimable d’origine juive, directeur de l’Institut d’Histoire du Temps Présent, adversaire déclaré des «révisionnistes» […] aurait pu être considéré comme un historien engagé contre ce qu’il avait pour mission d’étudier.»2

«Henry Rousso est un historien engagé, c’est une personnalité juive, une personnalité estimable, mais sa neutralité n’est pas assurée» 3

«Il n’y a plus un historien sérieux qui adhère aux conclusions [du procès] de Nuremberg» 4

«Je ne remets pas en cause l’existence des camps de concentration mais, sur le nombre de morts, les historiens pourraient en discuter. Quant à l’existence des chambres à gaz, il appartient aux historiens de se déterminer». 5

«Il y a des intérêts considérables à nier ce débat, c’est l’intérêt de l’Etat d’Israël dans les discussions sur les réparations qui sont sans fin» 6

Les Français en général, et les Lyonnais en particulier sont peu informés de la réalité des persécutions et des mensonges. […] Que M. Roques, auteur de la fameuse thèse de Nantes, était considéré publiquement comme le meilleur spécialiste de la question par le célèbre historien Alain Decaux, académicien, et ancien Ministre socialiste. 7

Le 11 octobre, répondant à tf1.fr, il enfonçait son clou :

«Monsieur Rousso est un adversaire de ceux qui contestent la vérité officielle en matière de seconde guerre mondiale. Il était juge et partie. C’est une personnalité juive. C’est un fait. Cela pouvait laisser craindre que le rapport ne soit pas tout à fait objectif» 8

«Le débat sur les chambres à gaz appartient aux historiens. Cinquante ans après, il me semble que ce débat pourrait être libre. Il pourrait y avoir une confrontation, autrement que par tribunaux interposés ou procès d’intentions de part et d’autre». 9

«Je ne vois pas ce qu’il y a de choquant à dire que les divers aspects du drame concentrationnaire, sur lesquels il n’y a pas deux historiens qui soient d’accord entre eux, doivent pouvoir être discutés librement. C’est mon point de vue. Mais en France, on ne fonctionne que par stéréotypes et par étiquettes». 10

Le 12 octobre sur LCI:

«Il y a des tas de camps de concentration […] où des historiens officiels disent qu’il n’y a pas eu finalement» de chambres à gaz. […] Les historiens ne sont pas d’accord, notamment sur l’appréciation des conclusions [du procès] de Nuremberg»11

Bruno Gollnisch précisait n’être «pas compétent sur le sujet» et ajoutait :

«Ces questions devraient relever du débat entre historiens»12

Bien que les mots «Juifs», «génocide» ou «Shoah» soient absents de ces déclarations, c’est bien le génocide des Juifs qui est le sujet principal, bien qu’implicite des déclarations de Bruno Gollnisch.

Reprenons chacune de ses affirmations.

La première qui frappe, qu’il confirme le 12 octobre, après l’avoir énoncée le 11 est la suivante: «Henry Rousso est une personnalité juive» donc il ne saurait être objectif. Que sait Bruno Gollnisch de la «judéité» de Henry Rousso? Ce dernier est-il «pratiquant», «d’origine», attaché à une culture ou une tradition? Seul Henry Rousso le sait. Mais il suffit à Bruno Gollnisch que des parents de Henry Rousso puissent être considérés comme juifs (selon quels critères?) pour que celui-ci le soit aussi. Il y a évidemment un fond antisémite à déclarer comme «personnalité juive» un individu qui n’a jamais excipé de cette «qualité» pour la moindre de ses prises de position, ni ne participe à aucune instance communautaire. Le pire est cependant le raisonnement explicitement tenu par Bruno Gollnisch. Un Juif ne saurait être objectif sur un sujet ayant trait de près ou de loin à des Juifs. L’hypothèse implicite, mais claire et brutale, du biais consubstantiel d’un Juif en faveur (évidemment, pour ce que cela peut bien vouloir dire) des autres Juifs est un poncif antisémite décliné ici sans vergogne. Il ne s’agit en l’occurrence «que» d’antisémitisme et non de négationnisme.

Là où Bruno Gollsnisch commence à utiliser un lexique directement tiré du discours négationniste, c’est lorsqu’il déclare que:

«Monsieur Rousso est un adversaire de ceux qui contestent la vérité officielle en matière de seconde guerre mondiale.»

Le terme «vérité officielle» est depuis toujours martelé par les négationnistes (ceux-là mêmes, évidemment, que Bruno Gollnisch désigne par «ceux qui contestent la vérité officielle») qui suggèrent par cet emploi que ce que l’on saurait de la Seconde Guerre mondiale, en l’occurrence, même si cela n’est pas dit, de la Shoah, ne serait qu’une vérité officielle, sous entendue fabriquée, manipulée, sans lien avec la réalité. Par cette insinuation mensongère, les négationnistes cherchent à se positionner en «briseurs de tabous», en esprits libres. Or dans nos régimes démocratiques, où la pluralité des opinions est garantie, il n’y a aucune «vérité officielle», mais seulement une réalité connue, reconnue, largement établie, dont la connaissance est sans cesse affinée par les historiens à la lumière d’éléments nouveaux, mais dont la présentation volontairement falsificatrice, en forme de négation, motivée par l’antisémitisme, est sanctionnée par la loi13. Le recours à une telle expression par Bruno Gollnisch le signale clairement, au vu de ses autres propos, comme un crypto-négationniste.

Bruno Gollnisch a déclaré:

«Il n’y a plus un historien sérieux qui adhère aux conclusions [du procès] de Nuremberg»

ou encore:

«Les historiens ne sont pas d’accord, notamment sur l’appréciation des conclusions [du procès] de Nuremberg»

Le procès de Nuremberg (c’est à dire le procès principal, car il y en eut plusieurs) est une cible favorite des négationnistes. Le caractère criminel du régime nazi et les responsabilités individuelles de certains de ses principaux dirigeants y ont été établis. Il a été l’occasion d’une première définition juridique de la notion de crime contre l’humanité et l’extermination des Juifs, bien que globalement peu traitée, a été clairement l’un des motifs de condamnation de certains des accusés. Bien que le matériel réuni et traité à l’occasion du procès de Nuremberg l’ait été à des fins judiciaires, il a été une source très importante pour les historiens, ainsi que le déroulement du procès.

Si les historiens ont toujours pris garde à examiner ces sources en utilisant la méthodologie appropriée (celle, reconnue des historiens, constamment trahie par les négationnistes), il est absolument faux d’affirmer qu’il y aurait de profonds désaccords entre eux sur l’interprétation, le déroulement du procès, le sens à accorder aux condamnations, ou surtout à la signification, à la portée des différents matériels utilisés pour le procès. Bruno Gollnisch se garde bien de préciser à quelles «conclusions» il fait allusion. Il ne le sait sans doute pas lui-même. Sa rhétorique consiste uniquement à faire croire qu’aux yeux des historiens, le procès de Nuremberg n’aurait pas la valeur historique, ou probante, qu’on lui accorde généralement. Ce genre d’insinuation participe évidemment d’un discours négationniste, à la fois par ses objectifs de fond (réhabilitation implicite des Nazis, disqualification de la procédure du procès, doute sur la réalité des crimes commis par les nazis, etc.) et par ses moyens, à savoir l’emploi d’une contre-vérité pure et simple. Dans le cas de Bruno Gollnisch, qui n’est ni un inculte ni un imbécile, il s’agit sans doute d’un mensonge proféré en toute connaissance de cause.

Les réactions des mondes politiques, associatifs et médiatiques ayant été nombreuses, Bruno Gollnisch a tenté de se dégager de ses propres insinuations sur Nuremberg en précisant que son propos sur les historiens et Nuremberg était valable

«depuis que l’on sait la vérité sur le massacre de Katyn»14

Malheureusement pour Gollnisch, ici encore il a recours à un vieux tour de passe-passe négationniste consistant à présenter (ici implicitement) de façon frauduleuse le traitement du massacre de Katyn au procès de Nuremberg et ses implications dans la législation sanctionnant le négationnisme. Katyn, massacre d’officiers polonais perpétré par les Soviétiques au printemps 1940, fut incorporé, à la suite des pressions de Staline, à l’acte d’accusation contre les inculpés nazis, mais le procès permit d’établir qu’ils n’avaient rien à voir avec ce massacre là. Malgré le fait que Katyn ne soit en conséquence pas mentionné dans le jugement de Nuremberg15, les négationnistes ont toujours menti en prétendant qu’à Nuremberg, Katyn avait été finalement imputé aux Allemands (c’est absolument faux) et que la loi Gayssot interdisait de dire le contraire, encore une fois un mensonge16. La référence à Katyn signe la familiarité de Bruno Gollnsich avec l’argumentaire négationniste17.

Gollnisch devait essayer de se raccrocher une nouvelle foi à la mention de Katyn en décembre, d’une façon qui confirme l’analyse ci-dessus — rédigée avant décembre 2004. Le 3 décembre 2004, le journal La Croix mentionnait les «propos de Bruno Gollnisch sur les chambres à gaz» dans une brève intitulée «Négationnisme»18. Le 16 décembre 2004, La Croix faisait paraître une droit de réponse de Bruno Gollnisch dont voici le principal passage:

«Ce terme [négationnisme] n’est pas adéquat. On ne peut en effet qualifier ainsi ni ma critique de la loi Gayssot, ni le fait que j’ai rappelé que l’assassinat de 11 000 officiers polonais à Katyn, contrairement à ce qui a été jugé après la guerre, était un crime des soviétiques, ainsi que l’ont depuis lors reconnu les autorités russes»19.

On goûtera la contre-vérité absolue avancée crânement par Bruno Gollnisch lorsqu’il prétend que, après la guerre, il aurait été jugé que Katyn n’aurait pas été un crime soviétique, c’est-à dire, pour expliciter la prose alambiquée et précautionneuse de M. Gollnisch, qu’à Nuremberg (cela est sous-entendu évidemment, mais sans la moindre ambiguité étant donnée sa précédente déclaration du 15 octobre 2004), ce sont les Allemands qui auraient été jugés coupables pour Katyn. On constatera qu’en précisant en décembre son propos sur Katyn d’octobre, Gollnisch ne fait que coller un peu plus à la rhétorique mensongère des négationnistes, ainsi qu’on l’a mentionné plus haut.

Nous ne commenterons pas l’erreur grossière de Bruno Gollnisch sur le fait qu’à Katyn, les Soviétiques n’ont pas assassiné 11000 officiers polonais, mais 4500. 11000 est le nombre total d’officiers polonais assassinés par les Soviétiques au printemps 1940, dont les 4500 de Katyn.

On goûtera cependant que, contrairement à ce qu’il suggère, lors de sa première déclaration, Gollnisch n’avait pas mentionné Katyn, et que sa mention de Katyn n’est arrivé que quelques jours plus tard, en une tentative de rattrapage qui ne fait au final que confirmer le caractère cryto-négationniste de tout son propos.

La suite prouve de nouveau sa maîtrise des subtilités du discours négationniste. Il déclare:

«Je ne remets pas en cause l’existence des camps de concentration mais, sur le nombre de morts, les historiens pourraient en discuter.»

Destinée à un public peu ou mal informé, la première affirmation se veut rassurante. Bruno Gollnisch ne «nie pas l’existence des camps de concentration», donc, tout va bien et il n’est sûrement pas négationniste? Si ce n’est que Bruno Gollsnisch parie sur une ignorance généralisée du grand public de ce qu’est le négationnisme. Ce discours n’a jamais nié l’existence des camps de concentration; il nie la réalité, l’ampleur et les modalités de l’extermination des Juifs d’Europe, et à l’occasion, les négationnistes édulcorent ou relativisent le caractère criminel du système concentrationnaire nazi. Or les camps de concentration, ne furent pas le lieu principal de cette extermination des Juifs. Les Juifs furent assassinés dans les ghettos (par la famine et le maintien par les nazis de conditions d’hygiène catastrophiques), dans des fusillades de masse de plain air (opérations mobiles de tueries, exécutions de Juifs amenés en nombre dans des centres de mise à mort par fusillades, en URSS, dans les pays baltes, également en Serbie, mais aussi à Majdanek) et par gazages dans des camions à gaz puis dans des centres de mise à mort spécialisés dans l’assassinat industriel20 (Chelmno, centres de l’Opération Reinhard, Auschwitz-Birkenau), souvent improprement désignés par «camps d’extermination». Le nombre de Juifs assassinés dans les camps de concentration, c’est-à-dire, assassinés par épuisement (via un esclavage impitoyable), famine et mauvais traitement est inférieur à 10% du nombre de victimes de la Shoah21. Les centres de mise à mort industrielle ne servaient pas à parquer les Juifs pour les faire travailler: les Juifs y étaient assassinés en masse, par gazage, dès leur arrivée22. Les désigner sous le vocable de «camp de concentration», ou même simplement de «camp» est tout à fait impropre, ce que savent parfaitement les historiens. Auschwitz, et dans une moindre mesure Majdanek, présentent le cas particulier d’avoir été à la fois des camps de concentration où les nazis se servaient de prisonniers comme d’esclaves, destinés à mourir de faim ou d’épuisement, et des centres de mise à mort où les Juifs étaient assassinés dès leur arrivée, par gazage (environ un million à Auschwitz) ou fusillades et gazages (cinquante mille à Majdanek). Mais Chelmno, ou les centres de l’opération Reinhard, Belzec, Sobibor, Treblinka, furent bien, et uniquement, des centres de mise à mort industrielle.

Si pour un public mal informé, «camps de concentration» et Shoah sont devenus synonymes, c’est une erreur, mais pas une erreur répandue par les historiens. Il faut souligner que même «centres de mise à mort» et Shoah ne sauraient être tenus pour des équivalents dans la mesure où les gazages de masse ne comptent «que» pour un peu plus de la moitié des victimes de la Shoah. Enfin, il faut se rappeler que si environ 1 million d’êtres humains furent assassinés dans les camps ce concentration nazis23, c’est environ 3 millions de Juifs qui furent assassinés dans les centres de mise à mort (et entre 2 et 3 millions dans les ghettos, les fusillades de masse, et les camps de concentration stricto sensu)24.

Les négationnistes maîtrisent bien ces distinctions entre camps de concentration et centres de mise à mort et n’ont effectivement jamais nié l’existence des camps de concentration, stricto sensu, bien qu’ils cherchent à instrumentaliser la confusion qui existe dans l’esprit du grand public. Par contre, ils nient l’existence, ès qualité, des centres de mise à mort, des chambres à gaz, de l’ampleur et des motifs des opérations mobiles de tuerie et se gardent bien de jamais aborder la question des ghettos, ou parfois en justifient l’établissement et l’organisation. Prétendre qu’on ne nie pas l’existence des camps de concentration fait partie de la panoplie du négationniste qui cherche à tromper un auditoire méfiant. C’est exact, mais cela ne dit rien de ce qui est nié en réalité.

La deuxième partie de la phrase de Bruno Gollnisch est doublement intéressante. Pour Bruno Gollnisch «sur le nombre de morts, les historiens pourraient […] discuter». De quel nombre de morts parle-t-il? Du nombre de victimes de la Shoah (entre 5 et 6 millions)? Du nombre de victimes du système des camps de concentration, stricto sensu (environ 1 million), du nombre de victimes des centres de mises à mort (environ 3 millions)? Le flou volontaire de la formulation laisse à son lecteur ou à son auditeur le soin de choisir. Bruno Gollnisch espère bien qu’une partie d’entre eux pensera «les Juifs», étant donnée la confusion régnante entre camps de concentration et Shoah. Bien évidemment les historiens ont effectivement discuté de tous les bilans chiffrés, et continuent de le faire25. Mais ce qui fait l’objet d’un très large consensus entre tous les historiens, notamment pour ce qui est du nombre de victimes de la Shoah, c’est l’ordre de grandeur, l’ampleur de ce nombre, qui depuis plus de quarante ans est évalué entre 5 et 6 millions. Quand Bruno Gollnisch prétend que les historiens «pourraient» en discuter, son conditionnel n’a pas lieu d’être et il enfonce une porte ouverte s’il s’agit de chiffres précis (on ne connaît pas le nombre exact de morts de la bataille de Verdun, et les historiens en discutent certainement sans que Bruno Gollnisch ait besoin de leur donner son aval; idem pour la Shoah et ses historiens). Mais Bruno Gollnisch ne cherche pas à ce que son auditeur ou son lecteur entende «chiffre précis», mais bien ordre de grandeur, ampleur, objet de toutes les falsifications des négationnistes. Dans ce cas, les historiens n’ont pas lieu de discuter dans la mesure où l’événement et son ampleur sont très bien connus et établis. Gollnisch le sait sans doute parfaitement, mais utilise une formulation qui suggèrera le contraire dans l’esprit de son auditoire, ou du public auprès de qui le scandale aura été relayé par une presse, certes condamnant moralement, mais le plus souvent incapable de décoder son discours (ou ne fournissant hélas qu’exceptionnellement le travail nécessaire pour le faire).

Bruno Gollnisch persiste dans son utilisation maîtrisée de la rhétorique négationniste. Il déclare:

«Quant à l’existence des chambres à gaz, il appartient aux historiens de se déterminer».

et:

«Le débat sur les chambres à gaz appartient aux historiens»

ou encore:

«Ces questions devraient relever du débat entre historiens»

Un premier rappel historique: bien que Bruno Gollnisch associe implicitement camps de concentration et chambres à gaz, ces dernières, comme on le verra plus en détail plus bas, servirent avant tout et principalement dans les centres de mise à mort industrielle cités plus haut à fins d’asssassinats collectifs des Juifs, ainsi que dans les centres improprement dits «d’Euthanasie», lors de l’opération du même nom, au cours de laquelle plusieurs dizaines de milliers de handicapés furent assassinés. Les camps de concentration, stricto sensu, ne furent équipés que tardivement, et seulement pour certains, de chambres à gaz qui servirent à l’assassinat à petite échelle de prisonniers concentrationnaires devenus inutiles. Les historiens savent et disent tout cela depuis fort longtemps.

Ceci étant dit, lorsque Bruno Gollnisch déclare qu’il appartiendrait aux historiens de «se déterminer quant à l’existence des chambres à gaz», il prétend implicitement mais de façon limpide, que cette existence prêterait à débat (terme qu’il martèle dans ses déclarations), qu’elle ne serait pas ou mal établie, voire qu’il n’y aurait pas de consensus entre historiens. C’est évidemment là un discours négationniste. Or la réalité des chambres à gaz ne prête pas plus à débat que la réalité de la bataille de Jéna ou celle de la conquête de la Gaule par César. C’est une réalité non seulement connue de façon notoire dès la guerre, par les Nazis et les fascistes italiens26 autant que par les Alliés27, et par les déportés, mais une réalité également parfaitement établie par les historiens, très largement documentée même, l’une parmi les mieux documentées de toutes les réalités historiques connues28, et sur laquelle il n’existe aujourd’hui aucun débat d’historiens quant à l’existence et à l’ampleur des assassinats auxquels elles ont servi. Là encore, la déclaration (il y aurait motif à un débat) de Bruno Gollnisch recouvre une contre-vérité qui relève d’une rhétorique négationniste très classique. Il n’y a besoin d’aucun débat entre historiens: ceux-ci s’accordent sans la moindre ambiguïté à prendre acte de la réalité de l’existence des chambres à gaz et de leur utilisation à des fins de meurtre de masse. Les négationnistes quant à eux ne respectent aucune des règles du métier d’historien et ne sauraient être considérés comme des interlocuteurs valables29.

Le Monde du 15 octobre rapporte que Bruno Gollnisch, lors de sa conférence de presse, avait précisé qu’il ne niait pas lui-même «les chambres à gaz homicides» mais demandait que la «discussion soit libre sur les modalités du drame»30. Remarquons déjà que le groupe lexical «chambres à gaz homicides» n’est pratiquement utilisé que par les négationnistes. Pendant une séance plénière du conseil régional de Rhône-Alpes Bruno Gollnisch a plaidé pour «un débat libre sur l’étendue du drame concentrationnaire»31, ce qui laisse supposer que les «modalités du drame» (dont Bruno Gollnisch voudrait voir discuter librement) concerne ce dernier, pourtant le martèlement de la question sur les chambres à gaz, liées principalement au génocide des Juifs, suggère une fois de plus que «drame concentrationnaire» et génocide des Juifs seraient intimement liés, ce qui est faux comme on l’a déjà dit. L’universitaire Bruno Gollnisch ne peut l’ignorer étant donné l’attention qu’il porte à la question (il s’est d’ailleurs abonné à une revue négationniste, ainsi qu’on le verra plus bas).

Sur le million de victimes du système concentrationnaire nazi stricto sensu, moins de vingt mille (2%) ont été assassinées dans des chambres à gaz. Dans la liste des modalités du «drame concentrationnaire», ces dernières tiennent une place marginale. Ce n’est évidemment pas le «drame concentrationnaire» qui est la véritable cible de Bruno Gollnisch ou des négationnistes, c’est l’extermination des Juifs d’Europe. C’est de cet évènement là dont Bruno Gollnisch voudrait voir discuter (c’est-à-dire pouvoir nier) les modalités en toute «liberté». C’est bien le négationnisme qu’il souhaite défendre malgré les précautions qu’il tente de prendre dans son expression, et malgré les confusions sur lesquelles il joue, maîtrisant parfaitement les ressorts d’un discours négationniste qui se camoufle.

Interrogé par Le Figaro le 14 octobre, il précisait encore que «Sur les chambres à gaz, je refuse de répondre sur le fond. Je ne suis pas un spécialiste.»32 Ce genre de protestation d’incompétence, de retenue et, implicitement de scepticisme de bon aloi, sont des procédés négationnistes éprouvés. On laisse penser qu’il y aurait un débat entre spécialistes, débat duquel on se défausse par humilité et incompétence (terme d’ailleurs utilisé par Bruno Gollnisch), mais qu’on exige au nom de la liberté de penser, de recherche, etc. Qu’aucun débat n’existe entre spécialistes, c’est-à-dire entre historiens authentiques, les négationnistes et leurs thuriféraires le savent et se gardent bien de le mentionner, alors que l’historiographie de la question est aisément accessible et que les bibliothèques en regorgent. Que leurs protestations soient un camouflage hypocrite (mais nécessaire étant donné la législation) de leurs convictions vaut à peine d’être mentionné.

Sur la question du débat, Bruno Gollnisch a vraiment cherché à enfoncer son clou puisqu’il déclarait encore:

«Je ne vois pas ce qu’il y a de choquant à dire que les divers aspects du drame concentrationnaire, sur lesquels il n’y a pas deux historiens qui soient d’accord entre eux, doivent pouvoir être discutés librement. C’est mon point de vue. Mais en France, on ne fonctionne que par stéréotypes et par étiquettes».

Passons sur le fait, qu’une fois encore Bruno Gollnisch joue sur la confusion entre camps de concentration et centres de mise à mort: le «drame concentrationnaire» n’est pas directement lié au génocide des Juifs. Constatons simplement que le «point de vue» de Bruno Gollnisch, universitaire aparatchik multi-diplômé est extrêmement erroné. L’affirmation selon laquelle «[sur] les divers aspects du drame concentrationnaire, il n’y a pas deux historiens qui soient d’accord entre eux», est au pire un mensonge au premier degré, au mieux, une ânerie monstrueuse, dénotant une ignorance abyssale de l’historiographie des camps de concentration, sans parler de celle des centres de mise à mort. Cette dernière hypothèse, celle d’une incompétence absolue, ne nous semble pourtant pas la plus probable, étant donné le pedigree universitaire dont Bruno Gollnisch se prévaut si souvent.

La déclaration selon laquelle, en France, on ne fonctionnerait «que par stéréotypes et étiquettes» ne peut se comprendre que par la disqualification dont sont l’objet les négationnistes, notamment pour leurs biais idéologiques, d’extrême-droite, ou d’extrême gauche d’ailleurs. Malheureusement pour M. Gollnisch, cette disqualification est parfaitement fondée pour les deux extrêmes étant donné l’antisémitisme qui motive et fonde les mensonges négationnistes, et à l’extrême-gauche étant donné le fanatisme ultra-marxiste qui a fait écrire à l’un deux que le génocide des Juifs ne pouvait avoir été une réalité historique parce qu’il était idéologiquement impossible33. Si le diagnostic de la haine, de la mauvaise foi et de la stupidité relève du «stéréotype et des étiquettes», alors on peut être d’accord avec Bruno Gollnisch…

Celui-ci déclarait encore:

«Cinquante ans après, il me semble que ce débat pourrait être libre. Il pourrait y avoir une confrontation, autrement que par tribunaux interposés ou procès d’intentions de part et d’autre».

Remarquons que Bruno Gollnisch insinue que le débat ne serait pas libre. Là encore, il s’agit d’une contre-vérité. Aucun débat n’est interdit entre historiens. Le malheur pour Bruno Gollnisch c’est que les négationnistes ne sont pas des historiens, qu’ils trahissent toutes les règles du métier d’historien et que la réalité, l’ampleur et les modalités du génocide des Juifs ne présentent aucun déficit de preuves ni de consensus qui justifierait l’ombre du commencement d’un débat (sur la réalité, l’ampleur ou les modalités) entre historiens. La référence aux tribunaux est évidemment une allusion à la loi dite «loi Gayssot» qui sanctionne l’expression publique d’un discours négationniste. Rappelons donc ici qu’il a été largement établi deux choses, depuis effectivement plus de cinquante ans que les négationnistes s’expriment — dont notamment plus de quarante ans en toute liberté — à savoir que leurs discours sont tissés de falsifications et de mensonges qui n’ont rien à voir avec la réalité ou une saine pratique de l’histoire et surtout que le négationnisme est avant tout un discours antisémite, implicite certes, mais visant à la réhabilitation d’un antisémitisme explicite. C’est à ce titre, en tant que discours antisémite que l’expression publique du négationnisme est sanctionnée par la loi. Il n’y a là matière à scandale qu’aux yeux des antisémites. Remarquons enfin que Bruno Gollnisch vend un peu la mèche en faisant mine de dénoncer les «procès d’intention de part et d’autre». Sachant que d’une part il y a les historiens, l’«autre» ce sont effectivement les négationnistes et ce n’est finalement pas entre historiens que Bruno Gollnisch souhaiterait un débat, mais bien avec les négationnistes.

Ne reculant devant aucun poncif du discours négationniste, Bruno Gollnisch a cru également bon de déclarer:

«Il y a des intérêts considérables à nier ce débat, c’est l’intérêt de l’Etat d’Israël dans les discussions sur les réparations qui sont sans fin»

Passons cette fois sur le fait qu’il n’y a pas de débat entre historiens, et qu’il ne saurait y avoir de débat avec les négationnistes. La mention d’Israël et des réparations est un vieux classique du discours négationniste. Ce que d’autres négationnistes ont explicité, Bruno Gollnisch se contente de l’insinuer: le génocide aurait été élaboré pour permettre à Israël de demander des réparations. Le motif antisémite des Juifs et l’argent est recyclé en discours «antisioniste». Remarquons cependant que les deux affirmations elles-mêmes, selon lesquelles les discussions sur les réparations seraient sans fin et qu’Israël y trouverait un intérêt particulier, sont fausses, tout simplement, et qu’il y a quelque chose de particulièrement obscène à stigmatiser implicitement les victimes qui réclament réparation. Sur le fond, nous nous contenterons de renvoyer le lecteur à l’étude d’une falsification du guru posthume des négationnistes, Rassinier, sur le même sujet, pour comprendre comment fonctionne le discours négationniste34.

Venons en à présent à l’une des affirmations Bruno Gollnissch les plus marquées par le négationnisme:

«Il y a des tas de camps de concentration […] où des historiens officiels disent qu’il n’y a pas eu finalement de chambres à gaz.»

Passons sur le réflexe négationniste qui fait apposer à Bruno Gollnisch l’adjectif «officiels» aux historiens. Il n’y a pas dans nos régimes libéraux (au sens popérien de société ouverte) d’historiens officiels, sauf dans le langage des négationnistes qui font partie de camps violemment anti-libéraux. L’université est libre et indépendante. Parfois au point d’aller jusqu’à l’irresponsabilité, comme à Lyon justement, où Jean Plantin a pu se voir attribuer des diplômes sur des travaux d’inspiration clairement négationniste. Venons en à la manipulation. Celle-ci fonctionne en deux temps; d’abord en jouant une fois de plus sur la confusion entre camps de concentration, qui n’ont joué qu’un rôle marginal dans le génocide des Juifs, et centres de mise à mort, ensuite avec ce «finalement» qui vise à faire croire que, en ce qui concerne les camps de concentration, le discours des historiens aurait évolué d’une position A à une position B. La position A serait qu’il y aurait eu des chambres à gaz dans tous les camps de concentration; la position B que, contrairement à la position A, un grand nombre de camps de concentrations n’en auraient pas été dotés. Une telle présentation est tout simplement frauduleuse, quoique classique dans le discours négationniste. Si, effectivement, les camps de concentration très nombreux, ne furent pas dans leur majorité, contrairement aux six centres de mise à mort, dotés de chambres à gaz, un certain nombre d’entre eux le furent, plutôt vers la fin de la guerre, et à des fins d’assassinats des prisonniers concentrationnaires à «petite échelle», et non de Juifs en masse. Le discours des historiens n’a jamais varié sur ce point, contrairement à un mensonge classique des négationnistes, dont s’inspire implicitement (mais clairement pour toute personne familière du discours négationniste) Bruno Gollnisch35.

Outre le mensonge implicite concernant l’évolution du discours des historiens, la falsification consiste aussi dans l’insistance sur les chambres à gaz des camps de concentration, dont les victimes représentent moins de 1% du nombre de victimes total des gazages, et ne concernent pas l’assassinat des Juifs en masse. Sur environ 3 millions de personnes assassinées par gazage, cent mille (3,4%) au plus le furent dans le cadre de l’opération d’assassinat des handicapés, donc hors des camps et des centres de mise à mort, vingt mille au plus (0,7%) le furent dans les camps de concentration stricto sensu, et 2,6 millions au moins (86,7%), des Juifs à plus de 98%, dans les centres de mise à mort. Sur les victimes de gazages dans les camps de concentration et dans les centres de mise à mort (hors assassinat des handicapés donc), moins de 1% furent assassinées dans des chambres à gaz de camps de concentration.

Tout cela, les historiens le savent et le disent depuis toujours. La confusion a pu exister dans l’esprit du grand public, et parfois dans celui de journalistes, mais certainement pas chez les historiens. Le point principal étant évidemment que l’absence de chambres à gaz dans des camps de concentration n’a aucun lien avec le fait que celles-ci furent installées et utilisées systématiquement dans des centres de mise à mort industrielle. Si des historiens ont dû parfois rappeler ces faits à des journalistes ou dans des journaux, ce n’est certainement pas qu’il existait le moindre débat, ni le moindre doute, ni la moindre évolution dans l’esprit des historiens, quant à leur réalité ou à leur interprétation, mais que la représentation collective de la réalité a pu être erronée. L’insistance par Bruno Gollnisch sur les chambres à gaz des camps de concentration montre qu’il maîtrise parfaitement la rhétorique négationniste et table sur les lacunes de connaissance dans le grand public, sur les erreurs des représentations collectives. Tout cela est évidemment particulièrement pervers.

Terminons ici par un extrait démontrant que Gollnisch connaît bien le petit monde négationniste et use des mêmes procédés de camouflage. Il déclarait:

«Les Français en général, et les Lyonnais en particulier sont peu informés de la réalité des persécutions et des mensonges. […] Que M. Roques, auteur de la fameuse thèse de Nantes, était considéré publiquement comme le meilleur spécialiste de la question par le célèbre historien Alain Decaux, académicien, et ancien Ministre socialiste.»

Les persécutions mentionnées par Bruno Gollnisch sont évidemment celles dont seraient victimes les négationnistes. De persécution, il n’y a point. Il y a la loi, qui s’applique, et les négationnistes ne sont pas plus victimes de persécutions que les pédophiles. Quant aux mensonges, les seuls dont nous ayons jamais eu connaissance, ce sont ceux des négationnistes.

La mention de Henri Roques par Bruno Gollnisch démontre qu’il connaît bien le corpus des textes négationnistes.

Henri Roques, ingénieur agronome retraité, est un vieux fasciste pur et dur, un pilier de l’extrême droite française. Roques adhéra durant la Seconde Guerre au Rassemblement national populaire de Marcel Déat et milita, à partir de 1952 et sous le pseudonyme d’Henri Jalin, au sein de la Phalange française, organisation dirigée par Charles Luca, dont le programme était clairement raciste et même nazi, qui sera dissoute par le gouvernement en 1958 puis resurgira sous de nouvelles appellations, comme le Mouvement populaire français (MPF)36. Bruno Gollnisch s’est bien gardé de tels rappels.

Roques a présenté, en 1985, une «thèse de doctorat d’université de lettres modernes»37, une thèse de lettres (non d’histoire!) visant à disqualifier le témoignage d’un participant direct du génocide des Juifs, le SS Kurt Gerstein. Cette présentation fut entachée d’irrégularités majeures: jury de complaisance, constitué d’extrémistes de droite notoires (le public comprenait négationnistes d’extrême gauche et d’extrême droite38), falsification de la signature d’un juré absent, changement in extremis du lieu de soutenance, etc. Une «thèse» qui n’aurait pu être soutenue sans de nombreuses manipulations administratives frauduleuses. Par ailleurs, après sa pseudo-thèse, Roques a édité une revue négationniste. Il s’agit d’un négationniste notoire, pur et dur.

La référence à Alain Decaux est doublement intéressante. D’abord parce que seules des personnes très familières avec le négationnisme savent qu’Alain Decaux s’est effectivement laissé aller à un éloge de Roques; voilà qui montre «d’où» Bruno Gollnisch parle. Ensuite, et surtout parce que cela montre bien la perversité d’un discours négationniste soigneusement enrobé dans la forme savante: il trompe même des personnes de bonne foi, surtout si elles n’y connaissent rien. Précisons en effet qu’Alain Decaux n’a jamais été qu’un conteur et un vulgarisateur dont le talent médiatique ne suffit pas à faire un véritable historien, encore moins un spécialiste de la Seconde Guerre mondiale ou du génocide des Juifs. Il n’est pas le premier, ni le dernier personnage médiatico-culturel à se faire berner par les négationnistes. Est-il ici vraiment nécessaire de rappeler que les historiens, les vrais, ont étrillé le «travail» de Roques tant sur la forme que sur le fond ?

La familiarité de Gollnisch avec le discours négationniste ne fait finalement aucun doute. Il avouait lui-même qu’il s’était abonné à la revue négationniste du négationniste Jean Plantin, qu’il avait également invité à déjeuner au Conseil régional39.

Comme le lecteur de la présente étude pourra le constater, pour décrypter la portée réelle des propos de Bruno Gollnisch, il est nécessaire de connaître de manière approfondie non seulement l’histoire du génocide des Juifs et du système concentrationnaire nazi mais aussi le discours négationniste et ses méthodes de camouflage. Au terme de ce décryptage, il apparaît sans amiguïté que Bruno Gollnisch maîtrise pleinement les références et les codes négationnistes, dont il use afin de légitimer l’expression du discours négationniste.


Notes

1.Le Monde a d’ailleurs rapporté qu’il n’a pas quitté ses notes des yeux pour les tenir. Tout porte à croire qu’il a beaucoup travaillé ses formulations

2.«Conférence de presse de Bruno Gollnisch. (Extrait)», le 11 octobre 2004, Français d’abord, le Magazine de Jean-Marie Le Pen: http://www.francaisdabord.info/quotidien_detail.php?id_qp=297&art=5

3. Cité par Olivier Pognon, «Négationnisme: Gollnisch relance la polémique», Le Figaro, mercredi 13 octobre 2004, p. 8.

4. Sophie Landrin, «Bruno Gollnisch (FN) émet des doutes sur l’existence des chambres à gaz et relativise l’ampleur de la Shoah», Le Monde, mercredi 13 octobre 2004, p. 9.

5. Christophe Forcari, «Dix-sept ans après son leader, le numéro 2 du FN met en doute leur existence. Chambres à gaz: Gollnisch fait son Le Pen», Libération, mardi 12 octobre 2004, p. 12.

6.Ibid.

7. Conférence de presse de Bruno Gollnisch, op. cit.

8. Gollnisch pour un «débat libre sur le drame concentrationnaire», 11 octobre 2004, tf1.fr, http://www.lci.fr/news/france/0,,3179386-VU5WX0lEIDUy,00.html

9.Ibid.

10.Ibid.

11.«Bruno Gollnisch maintient ses propos jugés négationnistes», Site web sur Nouvel Observateur, http://permanent.nouvelobs.com/politique/20041012.FAP6010.html?2116

12.Ibid.

13. Voir notre analyse des reproches généralement faits à la loi Gayssot, «La loi Gayssot et ses critiques de bonne foi. Ignorance de la nature du négationnisme», https://phdn.org/negation/gayssot/critiques.html

14. Olivier Pognon, «Les propos de Gollnisch jettent le trouble au FN», Le Figaro, vendredi 15 octobre 2004.

15. Sur Katyn, voir notre introduction: https://phdn.org/histgen/katynintro.html. Le sujet de Katyn à Nuremberg et de son utilisation frauduleuse par les négationnistes est traitée sur PHDN dans différents articles, Voir avant tout: «Katyn à Nuremberg, la honte et la justice», https://phdn.org/histgen/katynnuremberg.html, notamment la note 17.

16. Les négationnistes ont souvent prétendu de façon mensongère que la loi dite «loi Gayssot», sanctionnant l’expression publique du négationnisme interdisait de dire que c’est l’URSS qui était responsable du massacre de Katyn. Nous avons expliqué pourquoi il s’agissait d’une falsification à la fin de notre rappel sur la loi Gayssot: https://phdn.org/negation/gayssot/24bis.html

17. Le caractère particulièrement pervers de l’argumentaire négationniste sur Katyn peut être vérifié lorsque un personnage, comme le fondateur de Reporter Sans Frontière, Robert Ménard, adhère explicitement au mensonge négationniste selon lequel accuser les Soviétiques du massacre de Katyn tomberait sous le coup de la loi Gayssot. Voir Emmnauelle Duverger, Robert Ménard, La Censure des Bien-Pensants, Albin Michel, 2003, p. 75-76. Robert Ménard et Emmanuelle Duverger ont, semble-t-il, été manipulés par Eric Delcroix, qu’ils citent en l’approuvant, avocat des négationnistes et négationniste lui-même. Dans un chapitre trahissant, a minima, une ignorance scandaleuse de la réalité historique et une réelle intoxication – de bonne foi? –, par les mensonges des négationnistes sur la loi Gayssot, ils dénoncent cette loi à fort mauvais escient et en toute méconnaissance de cause.

18.La Croix, vendredi 3 décembre 2004, p. 8.

19.La Croix, jeudi 16 décembre 2004, p. 23.

20. La désignation «centre de mise à mort» est empruntée à Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988.

21. Raul Hilberg, op. cit, p. 1045-1046.

22. Une «main d’œuvre» d’esclaves juifs était cependant maintenue en vie dans les centres de mise à mort, mais ils ne l’étaient que pour les tâches nécessaires à l’assassinat immédiat des Juifs transportés jusque là de l’Europe entière. Voir Yitzhak Arad, Belzec, Sobibor, Treblinka - the Operation Reinhard Death Camps, Indiana University Press, 1987.

23. Karin Orth, Das System der nationalsozialistischen Konzentrationslager: Eine politische Organisationsgeschichte, Hamburg: Hamburger Edition, 1999, p. 343-350, notamment p. 345-46. Et aussi BDIC, La déportation, le système concentrationnaire nazi, 1995, p. 64-78. [Addenda 2023: en 2018 nous avons proposé sur PHDN une synthèse des meilleures évaluations du nombre de victimes dans le système concentrationnaire stricto sensus: https://phdn.org/histgen/bilansystemeconcentrationnaire.html]

24. Raul Hilberg, op. cit, p. 1045-1046.

25. Longtemps le nombre de Juifs déportés de France a été évalué à 120 000. C’est Serge Klarsfeld qui a revu ce bilan à la baisse, preuves à l’appui, avec une méthodologie toute de rigueur historienne, en le ramenant à 76 000 (Serge Klarsfeld, Le mémorial de la déportation des Juifs de France, 1978). On notera que cette baisse significative (36%) ne change ni l’ordre de grandeur du bilan, ni la nature du sort qui fut réservé à ces déportés. Remarquons ici que le terme «déporté» est lui-même imprécis dans la mesure où des personnes transportées dans un but d’assassinat immédiat à l’arrivée (aussi lointaine se trouve-t-elle) sont mal désignées par ce terme. Cette ambiguïté du terme «déportation» n’a pas peu fait pour semer le trouble dans l’esprit du grand public, entretenir le flou dans les représentations collectives et faciliter le travail de sape des négationnistes.

26. Le 4 novembre 1942, le Général Giusepe Pieche, officier des carabiniers italiens en Croatie du Nord et en Slovénie, rédige une note à l’attention de son gouvernement et précise à propos des Juifs déportés vers l’Est depuis la zone d’occupation allemande: «Ils sont éliminés au moyen de gaz toxiques» (Walter Laqueur, Le terrifiant secret. La «solution finale» et l’information étouffée, Gallimard, 1981, p. 47). Ulrich von Hassell, longtemps ambassadeur d’Allemagne en Italie, et l’un des participants à l’attentat de juillet 1944 contre Hitler, écrit dans son journal le 15 mai 1943 à Ebenhausen: «D’innombrables juifs, en tout cas des centaines de milliers, sont gazés dans des installations spéciales.» (Ulrich von Hassell, Journal d’un conjuré 1938-1944, l’insurrection de la conscience, Belin, 1996, p. 323). Voir de très nombreuses autres citations de sources allemandes, nazies et italiennes pendant la Shoah: https://phdn.org/histgen/documents/nazisdoc.html, notamment celles qui mentionnent explicitement les gazages.

27. Stéphane Courtois, Adam Rayski, Qui savait quoi? L’extermination des Juifs 1941-1945, éditions La Découverte, Paris, 1987.

28. Voir sur PHDN, les différents sections et articles à l’adresse suivante: https://phdn.org/histgen/

29. Voir Bernard Comte, Le génocide nazi et les négationnistes, https://phdn.org/negation/comte/IIC.html. Pour ce qui est d’un «débat» avec les négationnistes, voir «La loi Gayssot et ses critiques de bonne foi. Ignorance de la nature du négationnisme», https://phdn.org/negation/gayssot/critiques.html. Sur l’incapacité des négationnistes à produire autre chose que des falsifications, voir notamment les sections Faurisson et Rassinier du présent site: https://phdn.org/negation/faurisson/ et https://phdn.org/negation/rassinier/

30. Sophie Landrin, «L’université Lyon-III demande la suspension de Bruno Gollnisch», Le Monde, vendredi 15 octobre 2004, p. 9.

31.Le Monde, samedi 16 octobre 2004, p. 11.

32. Olivier Pognon, «Les propos de Gollnisch jettent le trouble au FN», Le Figaro, vendredi 15 octobre 2004.

33.«Le révisionnisme rejette à la fois l’idée et le fait du génocide comme impossibilités matérielles parce que le génocide est surtout une imposssibilité idéologique» écrivait Mondher Sfar, «Les chambres à gaz, enfer sacré de Faust», Revue d’Histoire révisionniste, no 1, p. 39. Mondher Sfar s’est depuis recyclé dans la dénonciation hystérique d’Israël. Le matérialisme dont s’entoure parfois le négationnisme de gauche n’est évidemment qu’un piètre camouflage de l’antisémitisme qui est toujours au cœur du discours négationniste.

34.https://phdn.org/negation/rassinier/reparations.html

35. Voir notre étude de la falsification systématique par presque tous les négationnistes d’un courrier de l’historien allemand Martin Broszat au journal Die Zeit en 1960, https://phdn.org/negation/broszat.html et la propre rhétorique de Faurisson sur le sujet: https://phdn.org/negation/faurisson/chambrescamps.html

36. Thierry Maricourt, Les nouvelles passerelles de l’extrême droite, édition Syllepse, 1997, p. 109 et Jean-Yves Camus et René Monzat, Les droites nationales et radicales en France, Presses universitaires de Lyon, 1992, p. 96-97.

37. Une thèse d’université n’avait (elle n’existe plus aujourd’hui) rien à voir avec une thèse d’état: la seconde étant beaucoup plus sérieuse, longue et cotée que la première. D’ailleurs, les irrégularités majeures qui ont entaché la soutenance en question sont dues au fait qu’une réforme de la thèse d’Université était sur le point d’être adoptée, qui mettait fin à un laxisme certain et aurait empêché Roques de soutenir sa «thèse»

38. Pierre Bridonneau, Oui, il faut parler des négationnistes, Cerf, 1997. Sur internet: http://www.anti-rev.org/textes/Bridonneau97a/

39. Le Monde, mercredi 13 octobre 2004, p. 9, art. cit.

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