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The Holocaust History Project.
The Holocaust History Project.

LES RESULTATS

Les dénégateurs expliquent volontiers qu'il n'y avait rien de plus normal que de trouver 86 cadavres dans une morgue. Si un assassin, dirigeant une morgue, y mettait quelques unes de ses victimes, ils le déclareraient sans doute innocent: car c'était exactement la position de Hirt: il dirigeait la morgue, et ses assistants étaient pour beaucoup d'entre eux allemands et SS.

En fait, s'ils ne le savent peut-être pas, ces négationnistes font exactement ce qu'a fait Hirt: quand le Daily Mail, le 3 janvier 1945, fait part des découvertes de Strasbourg, il se trouve à Tübingen. Il répond au journal le 25 janvier avec l'accord de Brandt et Sievers, niant toute recherche autre que sur l'animal. Il affirme que ces corps sont les legs restés à la morgue de la période 1870-1918 d"Egyptiens, Nègres, Chinois, Japonais, Allemands, Anglais, Français, etc" et qu'il était de son "devoir de conserver ces crânes et de pouvoir les présenter de manière moderne". Hirt se suicide à Schönenbach (Schluchsee) le 2 juin 1945 d'une balle dans le coeur.

Evidemment, on n'a retrouvé ni crâne ni tête des victimes. Nous avons eu quelques hésitations à montrer ici quelques photos des autopsies, par respect envers les morts. Néanmoins, il nous a semblé que le pire irrespect envers ces morts aurait été de laisser supposer que leur présence dans l'Institut d'Anatomie aurait été «normale» et qu'ils n'avaient pas été assassinés pour des motifs racistes. Aussi montrerons-nous ici quelques unes de ces photos (malheureusement choisies parmi beaucoup d'autres disponibles) pour montrer à quoi a conduit la politique raciale du 3ème Reich. Les têtes sont visibles sur certains de ces clichés. Nous les avons tronquées par respect pour ces morts.

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Sur ces fragments des photos de ces malheureuses victimes, on peut constater que le tatouage a été une fois de plus rendu illisible par le prélèvement de la partie de peau où ce tatouage se faisait. On pourrait se demander, si ces crimes avaient été légitimes et prononcés par une cour quelconque, pourquoi il fallait rendre impossible d'identifier ces cadavres, puisque d'après les dénégateurs ces crimes auraient été légitimes..

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Ce corps est en cours d'autopsie. Le médecin légiste a effectué ce qu'on appelle des «crevées», en entaillant profondément la peau, afin de rechercher d'éventuels hématomes profonds, invisibles extérieurement, montrant des brutalités avant la mort. Cette image prouve bien évidemment que des autopsies ont été pratiquées sur les victimes du camp de Struthof.

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Dans quelques cas, ces «crevées» étaient bien inutiles. Le cliché ci-dessus montre des lésions «ante mortem» prouvant que certaines victimes ont été contraintes à l'aide d'objets contondants, d'entrer dans la chambre à gaz. Ici il s'agit probablement de coups de crosse.

L'ironie a voulu que parmi les 3 légistes ayant pratiqué ces autopsies se soit trouvé le Pr Camille Simonin qui a été le prédécesseur de l'Institut d'Anatomie avant le "Pr" Hirt, et que le Pr Simonin ait été interné dans le camp du Struthof avant de réussir à partir en Afrique du Nord. Deux autres médecins légistes dont l'un nationalement reconnu aussi, ont dirigé leurs autopsies et avec lui rendu leur rapport commun.

Avant de participer aux autopsies après-guerre, le Pr Simonin a vu arriver les "N.N." français d'août 43 et l'a rapporté en ces termes:

"Nous voyons des équipes de travail affamées, ces squelettes mouvants portants les pierres, les poutres, les planches ou les gazons des hauteurs environnantes pour la construction de leur propre prison. Nous entendons les voix hystériques des S. S. abrutis qui ne cessent de pousser leurs esclaves vers des efforts toujours renouvelés, des efforts inhumains qui conduisent inévitablement vers la déchéance physique et morale, vers une mort atroce, loin de leur patrie, loin de tous les êtres chers.

Nous voyons arriver 18 Français N.N., habillés dans des chiffons rayés de couleur. Nous les voyons tomber sous le poids de leur brouette, se relever, retomber, mouillés sous des averses d'eau, étendus par terre, leurs yeux pleins de frayeur devant cette volonté de les liquider en quelques jours d'une façon "normale" et rien que par le travail. Nous voyons leurs plaies purulentes, les vers dans leur chair vivante [c'est nous qui soulignons] et les cercueils qui les portent vers le crématoire. Nous entendons les mitraillettes qui ont tué ceux qui opposaient une résistance physique trop forte, poussés du haut d'un talus par les coups de pied d'un kapo bestial.

Nous voyons ces Russes, menottes aux mains, avant-bras gonflés et ensanglantés, se promener devant leur baraque des jours et des nuits avant de donner leur vie, suspendus à la corde aux poutres du crématoire.

Ici, à gauche, une cinquantaine de jeunes femmes et filles ont été enfermées derrière une seconde clôture de fil de fer barbelé. Un soir elles sont parties vers la chambre à gaz du Struthof, mourir pour la "science allemande", pour les recherches des docteurs prussiens de la "Reichs-Universität" de Strasbourg. Nous entendons aussi les notes joyeuses de l'orchestre jouant à côté du crématoire où passaient les cercueils des morts de la journée. Je vois le même commandant Kramer là-haut sur la plate-forme avec ses acolytes S. S. à côté de la potence, devant le corps en convulsions d'un malheureux pendu, je vois l'ignoble figure grimaçante qui crie, froidement, avec un mépris sans pareil, au-dessus de la tête des prisonniers rassemblés: "Cela ne me ferait rien à moi de vous faire pendre l'un après l'autre comme celui-là!"

Libre à chacun de penser si le Professeur Simonin a mené ces autopsies avec le détachement nécessaire à un homme de science. Nous pensons quant à nous, que s'il a vécu de si près la vie du camp du Struthof, et a pu jauger la barbarie de ce camp, ce médecin légiste qui était l'un des plus fameux de France n'en a néanmoins certainement pas oublié la base de son art, mais au contraire n'en a pu juger que mieux de ce qui était impossible ou pas dans de telles conditions, et que ses compte-rendus d'autopsie n'en ont été que plus précis.

Simonin a été prisonnier au Struthof et a examiné les corps des victimes après guerre; les "révisionnistes", eux, n'ont que leur goût pour le nazisme à faire partager.


CONCLUSION

Dans le cas du Struthof, l'avancée extrêmement rapide de la division Leclerc a surpris les Allemands (et même, il faut bien le dire les Alliés), et a forçé une retraite d'une telle vitesse qu'elle ne leur a pas permis de supprimer les preuves de leurs crimes. Les Allemands comptaient sur deux lignes de défense: la Vorvogesentstellung et la Vogesenstellung. Leclerc attaque le 13 novembre 44 la première et la perce le 19. Entre le 20 et le 22 il franchit la seconde ligne et libère Strasbourg le 23 novembre. Cette attaque est encore aujourd'hui étudiée dans les écoles de guerre. Il se passe 4 jours entre le moment où Leclerc est à Blâmont (bien au Sud du Struthof) et où celui où il est à Strasbourg (dont le moins qu'on puisse dire est qu'il a alors totalement dépassé le Struthof au Nord-Est).

Le résultat est que les Allemands se replient à une vitesse à laquelle ils étaient loin de s'attendre (ils surnommaient eux-mêmes la division Leclerc la BlitzPanzer) et en laissant sur place quantité de pièces qu'il auraient sans doute aimé détruire.

Ils laissent donc au Struthof un ensemble documentaire et matériel riche. Des Allemands parmi les moins gradés sont eux-mêmes capturés, comme Bong.

L'attention est évidemment attirée aussitôt par ces cadavres bizarrement arrivés à l'Institut d'Anatomie; les Français qui y travaillaient témoignent, et les forces de renseignement de l'arrière-front enquêtent dès la semaine suivante, quasiment en même temps que les journaux nouvellement créés de la France libérée (le Parisien libéré, ..). On peut retrouver quasiment au jour le jour l'enquête que les forces de renseignement et les journalistes suivaient, et qui les a menés au camp de Natzweiler. Les pièces sont saisies, les Allemands, les Français témoignent à ce sujet; c'est ce que montre le rapport très précoce (alors que la bataille par les forces allemandes pour libérer Strasbourg est encore en cours) que nous citons en introduction de ce site Web. Evidemment, il y a quelques erreurs et imprécisions, dues à l'incertitude des temps et à un évident esprit de revanche, mais à présent le travail des historiens nous permet de savoir ce qui est arrivé dans ce camp.

Le procès du tribunal militaire permanent de Strasbourg et celui de Metz, dont les archives sont encore fermées, mais qui ont souvent travaillé en séance publique, permettent de retrouver dans la presse de l'époque ce qui en a été dit.

87 juifs ont été envoyés depuis Auschwitz vers le camp du Struthof, à la demande du Pr. Hirt qui trouvait «trop maigres» les cadavres qu'il recevait depuis le camp de Mutzig. Ils ont été gazés les 11, 13, 17 et 19 août 1943 et envoyés aussitôt à la morgue de Strasbourg; seuls 16 cadavres dont ceux de 3 femmes ont été retrouvés entiers. Ces victimes ont été gazées par le mélange de sels et d'eau; soit probablement par le mouillage d'un acide cristallisé et de cyanures, soit par le mouillage de cyanure de calcium.

Les Allemands ont cherché à constituer une collection de squelettes «typiquement juifs» (ce qui peut paraître bizarre aujourd'hui est «naturel» dans le contexte raciste et encore plus le contexte nazi antisémite de l'époque).

La masse de documents accumulés: témoignages de détenus, de villageois; de membres de l'institut; courriers divers saisis aussi bien par les Alliés que par les Russes; locaux eux-mêmes; et évidemment aveux des intéressés qui corroborent le tout, ne permettent pas de mettre en doute la réalité de gazages au camp de Struthof.

Il faut un solide aplomb aux dénégateurs pour prétendre le contraire quand rien ne manque: le mobile, les lieux du crime, les corps des victimes, les aveux des assassins, et les témoignages des personnes proches pour nier cet état de fait.

Miloslav Bilik

Page de départ: Struthof

   

Last modified: May 27, 2009
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