1. Robert Faurisson, « Une enquête du monde diplomatique sur les chambres à gaz », mars 1988, cité dans Écrits révisionnistes (1974-1998), édition privée hors commerce, 1999, tome II, p. 758 2. Uwe Dietrich Adam, « Les chambres à gaz », dans les Actes du Colloque de l'École des Hautes Études en sciences sociales (1982), L'Allemagne nazie et le génocide juif, Le Seuil/Gallimard/EHESS, 1985, p. 245-246 3. Uwe Dietrich Adam, « Les chambres à gaz », op. cit., p. 259, n. 70 4. Richard Breitman, The Architect of Genocide, Himmler and the Final Solution, Brandeis University Press, 1991, p. 299, n. 81 5. Robert Faurisson, « Une enquête du monde diplomatique sur les chambres à gaz », op. cit., p. 758 6. Robert Faurisson, « Une enquête du monde diplomatique sur les chambres à gaz », op. cit., p. 758 7. Robert Faurisson, « chambres à gaz et génocide dans une publication de l'institut d'histoire du temps présent », avril 1992, cité dans Écrits révisionnistes, op. cit., tome III, p. 1381-1382

Les mensonges de Faurisson

Faurisson falsifie l'historien allemand Uwe Dietrich Adam à propos de l'Opération Reinhard


La spécialité de Faurisson est de falsifier les textes. Il prétendra que tel auteur à dit ceci ou cela, tout en donnant une référence souvent précise. Mais lorsque l'on se reporte au passage référencé original, on se rend compte que Faurisson a complètement déformé ce que l'auteur en question disait, a passé sous silence un élément d'une extrême importance, voire lui fait dire le contraire de ce qu'il dit vraiment.

L'un des cas les plus frappant concerne l'Opération Reinhard. Celle-ci a désigné l'entreprise d'anéantissement des Juifs du Gouvernement général, la Pologne occupée, dans les camps d'extermination de Belzec, Sobibor et Treblinka.

Or Faurisson présente l'Opération Reinhard comme « une opération de confiscation de biens appartenant à des Polonais juifs ou non juifs1 ». Pour justifier cette présentation frauduleuse il prétend s'appuyer sur l'historien Uwe Dietrich Adam. Nous allons voir que Faurisson a complètement falsifié le contenu de ce que Adam a écrit.

Uwe Dietrich Adam a traité des chambres à gaz de l'Opération Reinhard dans un texte paru en 1982. Dans ce texte, Uwe Dietrich Adam commençait par traiter des gazages dans les centres dits d'« euthanasie », avant de poursuivre sur les camions à gaz utilisés notamment à l'arrière du front russe et en Serbie, puis par ceux du camp d'extermination de Chelmno. Avant d'aborder les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau, de Majdanek et des autres camps, il évoquait l'Opération Reinhard. Uwe Dietrich Adam écrivait:

« 4. L' "Opération Reinhard"

Lors de la Conférence de Wannsee, le 20 janvier 1942, le représentant du gouverneur général de Pologne, le Dr Bühler, demanda "que l'on résolve le plus vite possible la question juive dans cette région". Cette requête concernait 2 284 000 Juifs. C'est pour y répondre que fut lancée l'"opération Reinhard", sous la direction du Brigadeführer SS Odilo Globocnik, qui aboutit à la construction des camps de Belzec, Sobibor et Treblinka. A ce sujet, certaines énigmes subsistent. Ainsi au contraire de ce que pensent la majorité des historiens, il n'est pas certain que le nom de cette opération ait été attribuée en souvenir de Heydrich, disparu le 5 juillet 1942, à la suite d'un attentat[note70] 2 »

A cet endroit, Adam glissait une note, la note 70, dont voici le contenu:

« 70. Utiliser le nom du chef du RSHA disparu aurait été non seulement un choix impropre mais irrévérencieux: quel rapport aurait-il pu y avoir par ailleurs entre l'assassinat de Juifs polonais et les Tchèques auteurs de l'attentat? Le nom évoque plus vraisemblablement celui du secrétaire d'État aux finances, Fritz Reinhardt, une orthographe que l'on retrouve précisément dans certains documents de l'opération Reinhard(t). Sur cette dernière, l'auteur de ces lignes prépare une monographie3 »

Il faut préciser que Uwe Dietrich Adam a été quasiment le seul historien à contester le fait que l'Opération Reinhard ait été ainsi dénommée en l'honneur de Reinhard Heydrich. Le consensus dans la communauté historienne est bien que tel fut le cas. Richard Breitman l'a notamment réaffirmé, avec des arguments convaincants, en 19914.

Ce qu'il importe de souligner ici c'est bien que la remarque d'Adam ne concerne que l'origine du nom de l'Opération Reinhard et non la nature de cette opération. A aucun moment du texte d'Adam, celui-ci ne conteste que l'Opération Reinhard ait été une entreprise de meurtre de masse de millions d'êtres humains dans les chambres à gaz des camps d'extermination de Belzec, Sobibor et Treblinka. Au contraire, des pages 245 à 250, Uwe Dietrich Adam décrit les chambres à gaz de ces trois camps et les conditions dans lequelles les Juifs du Gouvernement général y étaient assassinés.

Or Faurisson n'a cessé de présenter la remarque d'Adam sur l'origine du nom de l'Opération Reinhard de façon parfaitement frauduleuse.

En 1988, Faurisson écrivait:

« Il n'y a qu'un malheur pour les exterminationnistes, c'est qu'une telle action [l'opération Reinhard] n'a jamais existé. Ce qui a existé, c'et une action "Reinardt" (avec un "t"), du nom probablement du secrétaire d'État aux Finances, Fritz Reinardt ; cette action semble avoir été une opération de confiscation de biens appartenant à des Polonais juifs ou non juifs[note1] 5 »

Et Faurisson de donner en note, la note 1, en guise de référence et de justification, ce qui suit:

« 1. Voyez U.D. Adam, "Les chambres à gaz", p. 259, n. 706 »

Par sa note, Faurisson fait porter à Adam la paternité de la thèse comme quoi l'Opération Reinhard serait « une opération de confiscation de biens ». Or, lorsqu'on se reporte au texte d'Adam cité plus haut, on constate que jamais Adam n'a tenu de tels propos. Au contraire Adam décrit l'Opération Reinhard pour ce qu'elle est : le meurtre de masse d'êtres humains. Faurisson falsifie délibérément ce qu'écrit Adam.

En 1992, Faurisson répétait :

« les historiens ont longtemps osé prétendre qu'il avait existé une "opération Reinhard", du prénom de Reinhard Heydrich! Comme s'il avait pu exister une "opération Adolf" (Hitler) ou "Hermann" (Goering) ou "Albert" (Speer)! En réalité, il a existé une opération Reinhardt, du nom du secrétaire d'État aux finances Fritz reinhardt: une opération de "récupération" de biens au profit, par exemple, des populations civiles allemandes bombardées. R. Rémond aurait dû lire l'ouvrage L'Allemagne nazie et le génocide juif (actes du colloque de la Sorbonne de 1982) où, à coté de sa propre communication sur "Les Églises et la persécution des juifs pendant la seconde guerre mondiale" figure une communication de l'historien Uwe Dietrich Adam abusivement intitulée "Les chambres à gaz" et où, dans la note 70 (p. 259), l'historien annonce une mise au point sur "l'opération Reinhardt et non Reinhard"7 »

Faurisson réinvente une « réalité » qu'il justifie une fois encore, frauduleusement, sur le texte d'Adam. Une fois encore Faurisson prétend étayer son affirmation comme quoi l'Opération Reinhard aurait été une « une opération de "récupération" de biens au profit, par exemple, des populations civiles allemandes bombardées » sur Adam. Outre que Faurisson brode (les menteurs en rajoutent toujours...) sur sa propre invention, il s'agit bien évidemment de la répétition d'un double mensonge au premier degré. Mensonge sur la réalité effective de l'Opération Reinhard, mensonge sur le véritable contenu du texte d'Adam.

Les notes de bas de page de Faurisson, ses références ne sont là que pour l'esbrouffe, ne sont qu'un instrument de ses mensonges. Faurisson est un falsificateur.

             

Notes.

1. Robert Faurisson, « Une enquête du monde diplomatique sur les chambres à gaz », mars 1988, cité dans Écrits révisionnistes (1974-1998), édition privée hors commerce, 1999, tome II, p. 758

2. Uwe Dietrich Adam, « Les chambres à gaz », dans les Actes du Colloque de l'École des Hautes Études en sciences sociales (1982), L'Allemagne nazie et le génocide juif, Le Seuil/Gallimard/EHESS, 1985, p. 245-246

3. Uwe Dietrich Adam, « Les chambres à gaz », op. cit., p. 259, n. 70

4. Richard Breitman, The Architect of Genocide, Himmler and the Final Solution, Brandeis University Press, 1991, p. 299, n. 81

5. voir note 1

6. ibid.

7. Robert Faurisson, « chambres à gaz et génocide dans une publication de l'institut d'histoire du temps présent », avril 1992, cité dans Écrits révisionnistes, op. cit., tome III, p. 1381-1382
 

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17/08/2000