QER 35

Une réponse à la "Q&A" 35 par Nizkor


35. 

Si les juifs destinés à être exécutés connaissaient le sort qui leur était réservé, pourquoi sont-ils allés vers leur mort sans se battre et sans protester ?

Les négationnistes de l'IHR répondent :

« Ils ne sont pas battus ni n'ont protesté simplement parce qu'ils savaient qu'on n'avait aucunement l'intention de les tuer. Ils ont simplement été internés et obligés à travailler. »

Nizkor répond :

Beaucoup ne savaient pas. Cependant certains le surent et se révoltèrent. La révolte la plus importante eut lieu dans le Ghetto de Varsovie, et il fallu aux Allemands de durs combats afin de mater la rébellion; le Ghetto dut être entièrement détruit afin d'en débusquer les partisans juifs. Il y eut aussi des révoltes à Auschwitz-Birkenau, à Treblinka, et à Sobibor (cette dernière a même fait l'objet d'un film), mais elles ne furent pas vraiment des succès, exceptée celle de Treblinka, où le camp dut fermer, en partie à cause de la révolte.

Les négationnistes ironisent souvent sur les survivants, en en citant un qui déclare que l'extermination était un secret bien gardé, et en citant tel autre qui déclare que beaucoup de gens étaient au courant. Il n'y a en l'occurrence aucune contradiction, bien sûr. A des moments différents, en des endroits différents, des personnes différentes ont su des choses différentes. [Une telle constatation, l'inscription des connaissances dans le temps et dans l'espace, relève simplement de la pratique historienne que trahissent et falsifient constamment les négationnistes].

Prétendre que si un juif savait quelque chose, alors tous les autres juifs devaient automatiquement en avoir connaissance est juste une déclinaison de la vieille propagande antisémite qui voit tous les juifs comme partie prenante d'un complot mondial.

Quant à l'expression "simplement internés et obligés à travailler", éliminée de la version révisée, elle rappelle les paroles d'Hitler, "Les juifs devraient être reconnaissants que la seule chose que je veux d'eux soit un peu de dur labeur". [Un tel discour, et sa reprise par les négationnistes, étant donnée ce que fut la réalité des camps, qu'ils fussent d'extermination ou de concentration, mais toujours de la mort, relèvent de l'abjection la plus vile].

[N.d.T. : on rajoutera que même lorsqu'on les tenait au courant, les juifs se montraient incrédules, tellement l'idée même d'extermination systématique était incroyable à leurs yeux : L'écrivain de langue yiddish Avrom Sutzkever, né dans le ghetto de Vilno (Lituanie), trouve refuge en 1944 à Moscou. Dans un entretien accordé au journal Libération (3 novembre 1988), il relate la perception que ses camarades et lui, Juifs résistants du ghetto, eurent des terrifiantes nouvelles qui leur parvenaient :

« LIBÉRATION. - Quand vous étiez dans le ghetto, saviez-vous ce qui se passait à Treblinka et dans le ghetto de Varsovie ?
AVROM SUTZKEVER. - Les partisans savaient, mais les habitants du ghetto refusaient même de croire aux charniers de Ponar. Quelques-uns, qui sont sortis miraculeusement des mitraillages en masse avec une balle dans le bras ou dans la jambe, sont revenus clandestinement dans le ghetto pour témoigner. Eh bien, tout le monde pensait qu'ils déliraient sous l'effet de la douleur. Personne ne pouvait concevoir l'impossible. »
(Georges Bensoussan, Génocide pour mémoire, Éditions du Felin (collection Histoire), 1989, p. 167)]


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